Le point fort est l'immersion, avec des banlieusards aux codes d'aujourd'hui ("et ouais mon frère"), qui évoluent à Pigalle, ce quartier qui est devenu le leur à forcer d'y errer.


Beaucoup de scènes filmées caméra à l'épaule dans le quartier. on reconnait bien le Boulevard de Clichy, les Folies Pigalle, Chateau Rouge, Le Square Hector Berlioz. Aucune image par contre du Moulin Rouge, car les réalisateurs ont eu l'interdiction de le filmer (le lieu tient à préserver son image haut de gamme et refuse qu'on l'associe à un film "de banlieusards").


Les personnages sont des descendants d’immigrés, avec des comportements propre à leurs générations : D'abord les anciens (né dans les années 70-80) ont tout donné pour s'intégrer, sagement, trouver un travail, essayer de faire leur chemin malgré les obstacles.
Les plus jeunes ont vu leurs aînés galérer, et accepter un travail souvent en dessous de leurs capacités. Mais eux ne rêvent pas de d'intégration. Eux rêvent de grandeur, de soirées avec de l'argent de coule à flot et de filles qui dansent sur des podiums, comme dans les clips à la TV. Pour cela, ils sont prêts à outrepasser les voies légales, avec les risques qui les accompagnent.


Les deux acteurs principaux sont bons. Sur le devant de la scène, Reda Kateb (Qu'un seul tiennent et les autres suivront, Un Prophète ou Hypocrate) est crédible dans ce personnage aux dents longues. En face, Slimane Dazi (Rengaine) est tout à fait à la hauteur lorsqu'il faut élever la voix.


Mélanie Laurent (Le concert, Je vais bien, Ne t'en fait pas, Dikkenek) a un rôle secondaire, mais son nom fait vendre, alors pourquoi se priver.


Dans le public, après la projection, on s'est demandé si il s'agissait d'un film misogyne. Certes les femmes sont peu présentes, et Melanie Laurent est assez effacée, mais pour reprendre la réponse de Reda, l'univers de ces jeunes est très masculin, ils ne sont pas habitués à la présence des femmes et si on creuse, dans le fond, les femmes leur font peur et ils ne savent pas comment leur parler.


L'histoire est aussi celle d'un bar 'Le Prestige'. Comme dans Belgica, ce bar de quartier traditionnel évolue en bar branché, mais ici pas de scènes d'orgies, ici le bar est source de convoitise et le dénouement n'est pas le même.
Petit bémol sur cette chute justement, qui manque un peu de crédibilité.


Il me semble insensé que Nas n'est pas pris de précaution par rapport au Prestige. Si il avait besoin d'un prête-nom pour la gestion, alors pourquoi choisir cet inconnu alors que son frêre était à proximité et qu'en plus il était expérimenté ?


Néanmoins c'est un très bon film, encrée dans la réalité en ce qui concerne les personnages, leurs psychologies, leurs motivations. Les deux réalisateurs, Ekoué et Hamé, sont des membres du groupe de Hip-Hop La Rumeur. Ils sont très conscients des dynamiques urbaines aujourd'hui, et ils ont su retranscrire l'ambiance d'un groupe de pote en évitant les clichés.


Je vous conseille par ailleurs leur court métrage : Ce Chemin devant moi qui se déroulait de l'autre coté du périph.


critique publiée sur https://critique-ouverte.blogspot.fr/2017/02/les-derniers-parisiens.html

aldanjack
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le 12 févr. 2017

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