Cette curieuse et complexe histoire d'amour à trois -au schéma inverse de celui "Jules et Jim" du même Henri-Pierre Roché- témoigne de l'inspiration romanesque de François Truffaut. Les deux héroines du film semblent les réminiscences littéraires et balzaciennes d'un cinéaste qui n'a jamais caché son admiration pour l'auteur du "Lys dans la vallée".
Histoire d'amour impossible aux multiples incidents, "Les deux anglaises et le continent" séduit par son affectation dramatique qui tient surtout au comportement particulièrement sensible qu'on les personnages devant le sentiment amoureux. Complications factices (culpabilité, interdits...) diront les uns, exacerbation romantique répondront les autres. Et il semble bien que le charme et la séduction qui émanent des deux anglaises proviennent précisément de leur nature romanesque et de leurs sentiments magnifiés. Les chassés-croisés qu'opère Jean-Pierre Léaud, épris en apparence de l'une et de l'autre, reflète bien l'indicible trouble que chacun éprouve dans son incapacité à aimer totalement.
Le sensibilité de Truffaut et la beauté mélancolique des paysages côtiers britanniques participent de cette élégante et triste dissertation sur l'amour. La narration "off" permet par ailleurs de rendre parfois moins obscurs les non-dits et les pensées si complexes de ces amants d'une autre époque.