À tête brûlée, tête brûlée et demi
Les diables de Guadalcanal nous propose de vivre en compagnie d'un groupe de chasse du corps des marines des Etats-Unis, et plus précisément de suivre la VMF-247, confiée contre toute attente du Major Kirby (John Wayne), officier peu amène faisant la promotion de l'appui rapproché aux troupes, spécialité demandant une expertise certaine en matière de pilotage.
Le film reprend tous les poncifs du genre. Un ancien second sympatoche, proche de la "troupe" (ils sont quand même tous officiers pilotes...), un officier supérieur parachuté pour appliquer sa théorie et "volant" un commandement tant désiré alors que l'âge arrive (et que l'espoir de promotion se perd). Naturellement nous sommes dans les Marines ce qui ne fait qu'accentuer l'immanquable stéréotype du sous off débrouillard, chapardeur mais tellement utile.
Le film, suivant une narration tout à fait logique, évidente est connue, surprend malgré tout par la participation active de l'armée à la réalisation, les images d'archives sont nombreuses, très nombreuses, que ce soit de l'avancée des marines au sol à coups de lance flammes, de grenades et de mitraillette ou encore les duels aériens, intégrant les séquences de cinémitrailleuses avec une bonne efficacité, et c'est pareil pour les bateaux. L'on constate également tout au long du film une certaine évolution du matériel avec l'apparition des chasseurs F4U Corsair, les roquettes et enfin le napalm. La pression qu'exerce le commandement et les sacrifices auxquels il faut consentir sont également abordés avec une certaine franchise même certaines scènes peuvent manquer de naturel.
Le scénario, pas très subtile, ne casse pas trois pattes à un canard et l'on y voit là la participation de l'armée et les points noirs que cela apporte. Tout est trop net, trop précis, et pour une aviation d'appui rudimentaire, sa précisions est supérieure à celle de l'époque et des décennies qui suivront parce que faire mouche comme ça à une telle vitesse, il faudra attendre au bas mot 1991 pour que cela arrive... Et encore. Ce petit point fait qu'on y croit pas vraiment et casse tout l'effet positif de l'histoire, lui ôtant une part non négligeable d'aspect dramatique ce qui sans couler l'affaire fait passer "les diables de Guadalcanal" du film d'action et d'aviation bien construit à un long métrage semi propagandiste voir propagandiste tout court. L'éternel défaut d'une immense majorité de John Wayne dès qu'il quitte le Western, et même certains Westerns...