Elle est effectivement diabolique, et cruelle, la machination que deux amants imaginent pour se débarrasser d'une riche épouse. Astucieux est le scénario et le dénouement révèlera ses faux-semblants mais chut...
Raconter ici le stratagème pourrait sembler malvenu mais il est vrai que le suspens éventé par une première vision du film nous oblige par la suite à une lecture différente. Pourtant, bien que le récit perde nécessairement de son pouvoir mystificateur, l'intrigue conserve encore un intérêt certain parce que la mise en scène de Clouzot sait habilement mettre en valeur les rebondissements du drame.
Mais ce que Clouzot voit de diabolique ne tient pas seulement au
crime vicieux et de longue haleine commis par Michel et Nicole (Paul Meurisse et Simone Signoret);
il est bien évident, Clouzot étant Clouzot, que le cinéaste fustige la société à travers l'ensemble des seconds rôles, lesquels, chacun à sa façon (Michel Serrault et Pierre Larquey en profs dociles, Roquevert en voisin irascible ou Charles Vanel en voisin insidieux) incarnent une société humaine médiocre, dont les enfants de l'institution où se déroule l'intrigue sont les malheureux témoins et seront sans doute les tristes héritiers.