La prisonnière du désert 2
The missing, c'est une sorte de remake de la prisonnière du désert ; à peu de choses près, c'est la même histoire. D'ailleurs c'est ainsi que Ron Howard parle de son film.
La mise en scène commence très bien, mais finit assez mal. C'est à dire qu'au début, Ron tente d'en foutre plein la vue, et ça marche. Pendant 40 minutes je me suis vraiment dit qu'il s'agissait là d'un très bon western. Puis, ça s'enlise. C'est à dire qu'après cette première partie réussie, le réalisateur décide d'arrêter de frimer et de juste raconter son histoire. Exit l'originalité et l'inventivité des scènes, exit les belles étendues désertiques. Un des points forts du film est de présenter des scènes de nuits. C'est intéressant parce que dans les vieux westerns, on utilisait la technique de nuit américaine pour faire cela. Depuis le cinéma a évolué et Ron l'a très intelligemment remarqué. Le problème, c'est qu'il en abuse et que, surtout, il ne se montre pas à la hauteur. Les dernières scènes d'action se déroulant la nuit ne sont pas très lisibles, on ne comprend pas toujours ce qu'il se passe. Il semblerait que Ron gère difficilement les affrontements mettant en scène plus que 3 personnages : son découpage pour ces scènes sont rarement efficaces. De nuit comme de jour.
Question scénario, on est donc dans une histoire similaire à The Searchers, mais avec quelques éléments en plus. Ron décide ici de privilégier la relation père-fille et grand père-petite fille. C'est mignon, mais c'est trop bavard et explicite. Là où un geste aurait suffi, on doit se taper un long dialogue, parfois en plein milieu d'un combat ce qui a pour conséquence de dérythmer le film. J'ai aussi bien aimé que l'on aborde la sorcellerie et les chamans car ce n'est pas un élément courant dans les westerns, malheureusement. Enfin, ce qui m'a le plus déçu, c'est de connaître le point de vue des méchants. Ce qui est bien dans la prisonnière du désert, c'est qu'on ellipse ce point de vue : le spectateur est donc dans l'ignorance, il a qulques indices sans plus. Ici le spectateur sait, et ça déforce un peu le film. Le meilleur exemple reste la scène de l'enlèvement qui est ellipsée ; on retrouve juste deux hommes morts dans d'atroces souffrances, semble t il. Ca fait son effet car le spectateur est droit d'imaginer le pire. Du reste du film, Ron proscrit l'imagination de son public et montre tout. Alors forcément, le mystérieux sorcier paraît moins cruel que tout ce qu'on s'était imaginé avec cette première scène. Par exemple si on avait retrouvé le photographe sans montrer comment il est mort, le découvrir avec les yeux ensanglantés aurait excité l'imagination fertile du public.
Bref, The missing est un western qui déçoit sur la longueur, souvent parce que Ron Howard se montre trop explicite (trop bavard, ou alors veut tout montrer). C'est dommage parce qu'il y a de bonnes idées et les acteurs sont plutôt convainquants.