En 1967, Robert Aldrich réalise un chef d'œuvre, Les Douze Salopards, considéré aujourd'hui encore comme l'un des meilleurs films de guerre et source d'inspiration pour plusieurs cinéastes, dont récemment Tarantino et son Inglorious Basterds....
Lee Marvin y interprète le major Reisman, chargé par l'état major américain d'une mission aux allures de suicide : entrainer douze criminels de guerre, condamnés pour des crimes allant du vol au meurtre, et s'infiltrer derrière les lignes allemandes dans le but de prendre d'assaut un château abritant des officiers nazis. Les survivants se verront alors offrir leur liberté.
Robert Aldrich part en guerre contre ceux qui la font. Critique à peine voilée du régime militaire et des personnes qui en sont à la tête, Les douze salopards choisit de mener sa quête avec une bonne dose d'humour noir, refusant de se prendre au sérieux malgré la gravité de la mission proposée. Il est à noter que John Wayne, à qui fut proposé le rôle du major dans un premier temps, refusa pour aller signer le très patriotique et pro-militaire Les Bérets verts. Et on ne peut s'empêcher de se demander ce que serait devenu le film avec son nom au générique...
Car la force du film, c'est son casting, composé d'une pléiade de stars, toutes aussi délicieusement barrées les unes que les autres. Outre Lee Marvin, exceptionnel, on notera ainsi les prestations de John Cassavetes en rebelle grande gueule, Charles Bronson, Jim Brown, Donald Sutherland dans l'un de ses premiers grands rôles ou encore Telly Salavas en fou de dieu.
Ces douze hommes en colère vont devoir apprendre à cohabiter et à combattre ensemble, unis par leur haine de l'armée américaine plus que par celle de l'ennemi, et mener à bien leur mission lors d'un final éblouissant. Pour l'anecdote, la séquence de la prise du château allemand, morceau de bravoure du film, aurait coûté à Aldrich un oscar à cause d'une scène qu'il refusa de couper au montage. Quitte à se rebeller contre l'ordre établi, autant le faire jusqu'au bout...