Quand Scott se prend pour Kubrick

L'an dernier quand je me préparais à voir le Napoléon (2023) de Scott j'ai eu vent que le réalisateur britannique s'était déjà plongé dans la période Consulat/Empire dans une réalisation précédente. Aujourd'hui je découvre ce long-métrage de 1977 premier film de l'auteur. Il est inspiré de la nouvelle Le Duel (1908) de Joseph Conrad que je n'ai pas lu.

La première chose qui me frappe c'est la ressemblance du film avec Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick. Par ailleurs il y a l'actrice Gay Hamilton (ayant joué dans Barry Lyndon) qui apparait au début des Duellistes. La similitude réside dans les duels, sauf qu'ici ils se font tous à l'épée (à l'exception du dernier). Il y a même un moment qui rappelle vers la fin du film celui où des hommes arrêtent le héros sur un chemin comme dans l'oeuvre de Kubrick. Comme ce dernier Scott prend aussi soins de composer des images élégantes dans les intérieurs et extérieurs, donnant ainsi l'illusion de se retrouver devant des tableaux. Toujours comme Kubrick Scott reprend le système de voix-off pour raconter son histoire s'étendant de 1800 à 1816.

Le réalisateur britannique a tourné en décors naturels (principalement en Dordogne, là-même ou à eu lieu une histoire locale ayant inspiré Conrad pour sa nouvelle). Ces décors sont magnifiés par un très beau travail sur la photographie. Le travail sur la reconstitution et les costumes est de grande qualité. Entre les scènes de dialogues le réalisateur livre parfois des scènes très tendues (notamment la retraite de Russie, à glacer le sang). Le long métrage n'abuse pas de la musique (écrite par Howard Blake, soit dit en passant assez belle) pour créer son ambiance, ce qui montre qu'il est confiant en ses images, son rythme posé et son histoire, les deux points forts de l’œuvre (récompensée de la Palme d'Or à Cannes)

Keith Carradine (Armand d'Hubert) et Harvey Keitel (Gabriel Féraud) campe des personnages à fortes convictions. Féraud est impétueux alors que d'Hubert est sage. Les deux acteurs interprètent avec beaucoup de panaches ces deux officiers irrémédiablement amenés à se recroiser. Assurément ces rôles peuvent figurer parmi leurs meilleurs de leurs carrières.