Les Enfants du Paradis est un film impressionnant sur la forme.
Disposé en deux parties, le long-métrage de Marcel Carné est une merveille de réalisation, jouant avec les ombres et clairs-obscurs ainsi qu'avec les genres.
A la fois tendrement drôle et bouleversant sur de nombreuses séquences, le film brise la simplicité apparente de son récit par la multiplicité de ses personnages.
Comme pour the Red Shoes, réalisé plus tard, le tragique est de main mise ici, puisque rien ne pourra jamais rassembler les deux amoureux en secret. On retrouve la notion de fatalité, d'impossibilité à trouver sa place dans la société et cela, même si l'on a pu accomplir ses rêves.
Surtout, les Enfants du Paradis est une reconstitution absolument merveilleuse d'un 18ème siècle français, où l'art était présent à chaque coin de rue, entre les danses de villes, les mimes et le théâtre. Pourtant, l'histoire reste intemporelle et saura également parler à chacun.
Il n'y a pas de personnages faisant toujours les bons choix, bien au contraire, les rendant alors tous particulièrement attachants. Si Frédéric se comporte comme un lâche et traitre en se liant d'amour avec la femme qu'aime son ami, celui-ci ne fait pas mieux en choisissant de rester six ans avec une femme qu'il n'aime pas.
De la même manière, si le pauvre brigand décide de manipuler les autres et de corrompre la société davantage, c'est parce qu'il n'a pas le pouvoir qu'ont les plus aisés que lui, de pouvoir être apprécié et être reconnu pour la personne qu'il est vraiment.
Les conflits et plus grandes craintes semblent ne plus avoir beaucoup d'importance, lorsque que les enfants artistes et spectateurs du Paradis laissent leur passion s'exprimer librement.
Que les époques soient différentes ou non, rien ne pourra changer la flamme qui fait vivre l'individu sur scène et dans la rue.