Hosoda l’écrivain, le poète
Dès les premiers mots, Yuki compare son histoire à un conte de fées. Je l’ai plutôt vu et vécu comme un poème ; une ballade fleurant les sous-bois pluvieux et les herbes hautes. Chaque dessin, réalisé individuellement à la main, est un concentré de culture et d’émotion à la japonaise qui te traverse le coeur et te laisse tout chose. Les toutes premières images imposent un doute immédiat et imposent le niveau de qualité auquel nous aurons droit : est-ce bien un dessin ou est-ce une image réelle ? Cette confusion se réitérera à plusieurs reprises, mais tous ces plans sont effectivement dessinés à la main.
Loin des couleurs vives et des scénarios alambiqués, parfois surestimés, des studios Ghibli, Les Enfants Loups te fait doucement glisser dans l’univers épuré de cette petite famille atypique aux personnages attachants. Mélancolique mais joyeuse, leur histoire nous passionnera du début à la fin, sans une seconde d’ennui. La vie est douce, la vie est rude. La vie et ses enjeux. La vie.
Les Enfants Loups est donc une claque visuelle et auditive (mother of God cette musique) qui t’embarque pour deux heures de bonheur et de larmes non-stop… en toute sobriété. Un chef-d’oeuvre qui mérite sans équivoque sa place dans les plus belles trouvailles de l’année 2012. Et la France l’a bien compris, en bon pays otaku qui se respecte et imprime des mangas à tour de bras, distribuant ce petit bijou dans ses salles – premier pays à le faire.
Certains animés japonais me font souvent un effet particulier. J’y retrouve de longues heures d’adolescence passées à fuir dans l’univers glacé de mes manga en écoutant les musiques plus ou moins kitsch que je récupérais d’animés inconnus. Les enfants loups fait partie des oeuvres nostalgiques qui auront profondément touché cette âme d’enfant et d’adolescente.