J’en serais probablement resté à cette impression si j’avais jeté un coup d’œil sur l’affiche en allant au ciné voir autre chose. Mais un ami m’a proposé de le voir, alors j’ai découvert l’existence de son réalisateur, Mamoru Hosoda, dont c’est le troisième long-métrage, après La traversée du temps et Summer wars. L’animation japonaise de qualité ? Non, les studios Ghibli et la famille Miyazaki ne sont pas seuls.
La narratrice est la jeune Yuki qui nous parle de sa famille. Elle évoque d’abord sa mère Hana qui a rencontré l’homme de sa vie à l’université. Une université de la banlieue de Tokyo où elle observe cet homme jeune, grand, mince, brun, solitaire et taciturne qui assiste à des cours dans un immense amphi sans l’aide du moindre manuel. Hana lui court gentiment après un jour à la sortie d’un cours pour lui proposer de l’aide. Ils font connaissance et deviennent rapidement amoureux. Mais l’amoureux d’Hana cache un secret qu’il finit par lui avouer :
il est un homme-loup. C'est-à-dire qu’il a en lui les deux ascendances et qu’il en prend les apparences au gré des circonstances. Quelque chose de difficile à assumer en raison de la réputation des loups chassés par les humains. Mais Hana a trouvé l’homme de sa vie, celui dont elle est prête à tout accepter. Elle accepte son originalité et tombe bientôt enceinte. Elle accouche sans autre aide que celle de son homme-loup. Naissent ainsi Yuki et son jeune frère Ame (prononcer amé). Ceux-ci ont également la double identité. Une double identité qu’ils considèrent évidemment naturelle et dont ils s’amusent entre eux. Mais rapidement, leur mère leur fait comprendre que l’aspect du loup est à cacher soigneusement s’ils veulent s’intégrer à la société des hommes. Rapidement aussi, un malheur les touche puisque le père meurt alors qu’une pulsion nocturne l’a amené dehors sous sa forme de loup. Voilà Hana seule avec deux jeunes enfants-loups dans une ville où ses seules ressources sont celles laissées par son homme-loup mort.
Pour éviter les questions et les dépenses, Hana décide de déménager. Dans une campagne isolée, elle loue pour trois fois rien une vieille maison qui menace de tomber en ruine. Pour survivre, elle se décide à cultiver des patates et à accepter un petit emploi d’observation de la nature environnante. Quant à Yuki et Ame, ils prennent le bus de ramassage scolaire pour aller à l’école dans la journée.
Le film montre comment Hana, Yuki et Ame vont se faire leurs places dans un monde pas vraiment fait pour eux. Il décrit avec délicatesse la cellule familiale avec les aspirations et découvertes de chacun. Hana vit pour ses enfants et ne garde de son amoureux qu’une carte d’identité à laquelle elle s’adresse de temps en temps. Yuki et Ame se cherchent. Ils évoluent d’abord chez eux, ce qui permet au réalisateur de faire preuve d’humour sans niaiserie. Ensuite, la confrontation avec les jeunes de leur âge les place dans le vaste monde. Dans ce monde, la nature a une place importante. Mais les relations sociales également. Et puis, les circonstances créent parfois des tensions imprévues…
Un film à découvrir. Une histoire en forme de conte moderne qui décrit aussi bien la ville que la campagne. Les couleurs sont surtout du type pastel et les musiques agréables. Le style du dessin est très lisible, avec des détails soignés, sans chercher à trop en faire. Certaines scènes sont bluffantes, car on peut se demander s’il s’agit de dessins ou de prises de vues réelles (exemple avec une toile d’araignée en gros plan après un orage). L’ensemble est à la fois réaliste et poétique. Ce film est un éloge de la différence, mais aussi un hymne à la nature, une belle histoire d’amour, un conte fantastique et philosophique, etc.
Un univers qui peut séduire tout type de public, y compris bien-sûr les amatrices de poupées Barbie… Vu un samedi soir en v.o. dans une salle moyenne mais bien remplie, avec un public qui réagissait bien.