Les Enfants loups, Ame & Yuki par Teklow13
C’est un film très risqué, risqué car il donne énormément d’entrée de jeu. Il lui suffit de 30 secondes pour faire tilt et déclencher quelque chose de poignant. Puis suivent 30 minutes absolument sidérantes de beauté. 30 minutes durant lesquelles, la mise en scène d’Hosada, touchée par grâce, enveloppe avec une grande délicatesse deux personnages et la naissance d’une histoire d’amour adolescent. Problème la fille est humaine, l’homme est un homme-loup. Ce qui est beau c’est que tout ça tient avec trois fois rien, mais c’est une symphonie d’un tas de petites choses du quotidien qui au final crée un ample mouvement lyrique. La réussite du film est d’ailleurs là, faire tenir dans un petit carré, un quotidien où l’on cuisine, mange, dort, lit,…, quelque chose d’extraordinaire, d’hors du commun justement.
Cette histoire d’amour est poignante, et Hosada la filme tellement premier degré que l’on est obligé d’y croire. Le film semble alors rentrer dans une thématique de l’amour fou, Borzagien.
Ce que met le cinéaste en place grimpe tellement haut que l’on à peur que ça chute à moment donné. Et puis non, ça tient. Car au bout de ces 30 minutes, il y a une rupture, le film change de direction, et l’on passe de Borzage à Sirk, de l’amour fou à un mélo, un magnifique portrait de mère.
- Spoiler : Le père (homme-loup) meurt - et la mère se retrouve avec deux enfants, deux enfants mi hommes mi loups dont elle doit s’occuper. Pour cela, elle part s’installer à la campagne.
Et si l’on rentre dans un registre différent, ça ne retombe jamais. Hosada à beau se disperser : portrait de mère, chronique rurale, relation homme-nature, comment s’adapter au monde en assumant sa différence, l'éducation monoparentale,…. Le film reste formidable, ponctuer d’élans lyriques, de petites scènes cocasses de l’enfance,…
En passant on pense beaucoup à Ozu.
Et puis c’est graphiquement somptueux (hormis 2,3 effets 3D superflus).
Sans oublier le bonus « yeux mouillés à de nombreux moments »