Je vais être direct : Les enfants loups est un des mes chocs cinématographiques de 2012, un de ceux qui me font dire qu'il faut aller encore et encore au cinéma, car on trouve encore des pépites de ce genre.

Si je devais résumer le film, c'est la vie d'une femme et de ses deux enfants sur une dizaine d'années. Oui, mais sous ce succint discours se cache quelque chose de plus fort que ça.
Cette femme (Hana) va tomber amoureuse d'un jeune homme qui a la capacité de se changer en loup, et de cet amour va naitre deux enfants, un garçon (Ame) et une fille (Yuki). Malheureusement, cet amour va être terni par un accident qui va voir l'homme (devenu un loup) mourir, scène aboslument bouleversante, car cadrée de loin, et dans laquelle on n'entendra jamais les cris de Hana auprès des éboueurs venus récupérer la cadavre du loup tombé dans un cours d'eau, mais seulement sa respiration qui se fait de plus en plus haletante.
Je vais juste faire un petit bémol (ça sera l'un des seuls) sur une scène presque obligée, qui est la première fois entre elle et lui, devenu loup, où l'on frise quand même avec la zoophilie, dommage pour la faute de gout, mais en fait, on ne voit rien, on les voit juste s'embrasser.

Ensuite, Hana va devoir partir à la campagne avec ses enfants, car ceux-ci se transforment aussi en louveteaux, mais sans réellement maitriser leur "pouvoir", car elle voit bien qu'ils sont inadaptés à l'urbanisme.
La grosse partie du film se déroule à la campagne, entre scènes formidables de mère courage, et le développement des enfants jusqu'à ce qu'il aient une dizaine d'années ; l'une va vouloir rester la plus normale possible et s'intégrer le mieux possible dans son école, et l'autre voit ses penchants "loups" prendre le dessus, au mépris de sa propre humanité...

Pour son cinquième film, Mamoru Hosoda prend de plus en plus d'assurance et cela se ressent dans sa mise en scène, extrêmement épurée, voire qui frôle l'abstrait, avec ses longs plans fixes sur le décor alors qu'on entend encore les personnages parler, sans oublier la présence de nombreux plans larges sur les paysages, souvent magnfiiques, comme pour représenter l'immensité de la tâche qu'a Hana d'élever à elle seule ses deux enfants pas comme les autres.
Et que dire de cette séquence magnifique où Hana et ses enfants découvrent la neige et courent dans la forêt pour admirer ce paysage ?

D'ailleurs, la caractérisation des personnages est aussi très intéressante, car Hana est une jeune femme qui prend la vie en souriant, malgré les diverses embûches, et elle inculque sa joie de vivre aux divers voisins qu'elle a, y compris au paysan bougon qui va lui apprendre à cultiver ses terres.
Quant aux deux enfants, je ne veux pas en dire trop, mais ils sont passionnants, car ils représentent deux faces d'une même pièce, celui qui accepte son pouvoir et l'autre qui veut vivre comme tout le monde.

Je suis surpris que plus de deux mois après, je l'ai vu au cinéma dans une salle comble (et en VO), mais ce succès s'explique car Les enfants propose un sujet universel ; même si on est différent, il faut sa battre pour réussir, et ça parle à tout le monde.
Comme je le disais plus haut, je préfère que les gens le voient comme je l'ai fait ; en en sachant le moins possible, car on est d'autant plus surpris.
Le character design peut dérouter au premier abord, car il apparait comme très simplifié (voire des visages où rien n'apparait, ni yeux ni bouche), où la perspective donne l'impression que les personnages sont tous très grands, mais cette apparente simplicité cache en fait une immense douceur dans ses traits.

Là où le film marque des points, c'est dans l'émotion, car si c'est sans réel enjeu, ni méchant, ce que l'on voit est souvent triste aussi bien dans l'amour effréné qu'a Hana pour ses enfants, mais aussi pour leurs choix de vie, quitte à risquer la sienne pour les sauver (une scène de noyade m'a presque fait avoir les larmes aux yeux, c'est dire).

Je ne fais pas partie de ceux pour qui l'animation japonaise ne se résume qu'à Hayao Miyazaki, mais il faudra désormais compter avec Mamoru Hosoda, car il signe un film qui marquera une date dans l'animation aussi bien pour sa grande qualité que pour l'universalité de son message.

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le 3 nov. 2012

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Boubakar

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