Ce film et moi avons maintenant une histoire commune. J'ai attendu 7 ans, juste pour ne pas sombrer dans le cliché du film qui plait à tout le monde, pour dire que moi aussi je le trouvais magnifique. Je l'ai gardé comme un trésor ou comme un fardeau, comme quelque chose que je ne voulais pas affronter. Par peur de me rappeler qu'à cette époque j'étais quelqu'un qui avait d'autres espoirs, qui venait de vivre des choses pénibles. Ce film marquait quelque chose pour moi.
Passé cet instant mélancolie, j'ai décidé ce 10 juin de m'attaquer à lui, pour accepter le fait que j'étais prêt à le voir. Il m'a fallu 7 ans.
Hana est une jeune étudiante, elle rencontre un jour par le plus grand des hasards un étudiant un peu solitaire, qui s'avère ne pas être étudiant et qui par la suite lui confiera être un homme-loup. De là va s'en suivre une histoire où les deux vont concevoir deux enfants loups, Yuki (neige) et Ame (pluie) puisqu'ils sont nées un jour de neige et un jour de pluie. On ne fera pas de commentaires sur les prénoms, la symbolique et le Japon tout ça. Mais comment elever des enfants-loups?
Le film est divisé en deux partie inégale selon moi au niveau de l'art visuel. La partie ville est centrée sur les mêmes décors, pas très joyeux hormis les décorations mais disons très "ville". Mais néanmoins ça marche, on y croit. Parfois, les personnages sont peu être un peu pauvres en
détail, mais le style de Mamoru Hosada est très dans ce registre. Le style de la suite (à la campagne) amène vers des scènes de plus en plus belles. Pas que dues à la narration, certains passages sont d'une beauté... en 2012 c'était bien au delà de ce qu'il se faisait. Même si depuis, la pluie et l'eau ont été sublimés par Makoto Shinkai dans notamment Kotonoha no niwa (The Garden of Words). Je dois en convenir, c'est franchement beau. Rares sont les films à meler autant une animation quasi sans reproches avec un graphismes agréable.
La musique est plutôt présente, avec des moments entièrement instrumentaux au début pour accompagner la routine (d'une manière douce) et se ponctue d'un opening et d'un ending absolument adaptés. Je vais très certainement me repencher sur l'OST de ce film, qui hors du contexte du visionnage doit avoir un intérêt poétique. J'assume ce mot. Mention très très bien à la seiyuu Aoi Miyazaki (ça s'invente pas ce nom) qui tient le rôle de Hana à la perfection.
Et ma partie préférée, c'est de parler de l'histoire, de ressentir le film. Nous, humains, avons un quotidien rationnel pour peu que notre domaine de prédilection professionnel soit lié à la science. J'entends par là que ces films sont, pour moi, une façon de lâcher les rennes de l'imagination,
d'accepter l'impossible puisque l'impossible n'est que dans une projection à l'écran. En somme, un conte de fée, une histoire magnifique est un trésor pour ressourcer quelqu'un qui aime ce genre de cinéma. Et depuis longtemps, depuis Miyazaki et Mononoke no hime, j'étais un loup solitaire à la recherche d'un film qui sache combler un vide. Non pas que je n'ai pas vu d'autres œuvres superbes, mais qu'elles étaient trop réalistes, trop belles. Pas question de renier son cerveau, de vider son sens cartésien. Mais j'ai lâché prise, j'ai donné à ce film et j'ai reçu un moment magique. L'émotion que procure le film est celle qui fait les très grands films (n.b: j'avais écris autre chose mais je me suis repris).
Ce film mérite d'être salué pour son contenu, sa narration magnifique, ses personnages et son déroulement.
Alors comme des dizaines, des centaines de personnes, je vais le dire aussi . Je regrette pas d'avoir tant attendu ce film. Il a une importance pour moi assez symbolique donc qu'il est inutile de détailler ici, et je suis heureux que ce soit ce film qui la représente. Un trésor, un conte de fée (Hana le dit elle-même). Il n'y a pas grand chose qui lui manquerait pour être sur la plus haute marche. En fait je lui donnerais probablement un jour la note suprême. Pour l'instant, c'est le plus beau conte de fée qui soit, sans avoir besoin de vivre heureux et d'avoir beaucoup d'enfants.
Car la magie de l'animation nippone, c'est qu'elle est belle par elle-même, pas par un potentiel dénouement stéréotypé. Kodomo ookami no Ame to Yuki est l'une des perles de l'animation japonaise, à n'en pas douter.