La faculté qu’a ici Mamoru Hosoda d'extraire un lyrisme envoûtant, des contes fantastiques populaires, est absolument fascinante. Tant et si bien que le côté fleur bleue est ici tolérable, quand ailleurs il appelle à s’éclater la gueule contre les murs, par son trop-plein de clichés et absurdités d’une déconcertante apologie hollywoodienne de l’amour et autres thèmes populaires, que nous retrouvons d’ordinaire dans ce genre qui comprend le surnaturel romanesque par la présence de loups-garous et Cie de type Twilight et autres gadgets à faire fantasmer les mouettes excitées par l’air du large.
La BO est adorable et légère, je n’entends pas “superficielle” dans “légère” mais douce comme le sentiment doux qu’enfants nous éprouvions dans la neige (quand il neigeait encore) un après-midi de liberté. De liberté, cette histoire justement en déborde tout d’abord par celle d’"être", en explorant sa personnalité à son paroxysme, afin de fonder une identité sereine loin des médisances d’autrui et des ordres du berger. Ensuite, par la liberté fluide que la nature impose par son droit le plus légitime. Ainsi dans cet ouvert caractère, toute la poésie de l’auteur s’exprime au moyen des cadres et des mouvements en parfaite harmonie avec le respect de l’air soufflé par la grandeur du paysage dessiné, maître des scènes où les personnages évoluent.
La liberté et la nature sont deux thématiques parmi d’autres tel que le sacrifice mais à titre égal demeure la perte, l'écologie, la générosité, l’attachement... Toutes ces thématiques arrachent la sympathie de mon cœur pierreux qui ne s’émeut généralement guère des babioles de coccinelles baveuses, seulement ici l’approche sentimentale est soustraite par un naturel et une maîtrise honorable loin de la moindre prétention ou ambition malveillante. Le récit est humble quand ses réflexions suggérées et tempérées -pour mieux laisser l’esprit se les approprier, auraient pu se passer d’humilité sans que nous lui en fassions un procès, et cela n'augmente que plus le mérite de l'oeuvre.
Mamoru Hosoda n’aurait assurément pu mieux offrir son propre manga au septième art, qu’il ne l’a fait avec ce travail d’amination que je chante comme Ame hurle sa vie.