Les espions est une satire du film d’espionnage dans laquelle le spectateur ne comprend pas grand-chose mais ne s’ennuie pas une seconde. Clouzot déclara que ne pouvant porter Kafka à l'écran, il réalisait Les espions pour en en faire une œuvre équivalente, et c’est totalement réussi car le film est tout à fait kafkaïen.
Clouzot dépeint en effet l’univers des espions comme un univers fait de non-sens et de faux-semblants. Les espions sont partout, espions doubles, triples, quadruples, ne sachant finalement plus ni pour quoi ou pour qui ils travaillent. Ironie supplémentaire, la plus grande partie du film se déroule dans un asile d’aliénés !
Ajoutons que le film bénéficie d’une splendide mise en scène et d’une splendide photo noir et blanc, ainsi que d’un casting de rêve (Curd Jürgens, Peter Ustinov, Martita Hunt, Sam Jaffe notamment) y compris dans les seconds rôles (Sacha Pitoëff, Daniel Emilfork notamment) tous excellents.