La nouvelle fresque en 3 époques signée Jia Zhangke, après A Touch of Sin et Au-delà des montagnes, est relativement surprenante. Moins ambitieuse a priori, moins violente, moins ample et toute empreinte d'une certaine sérénité désabusée. Pour autant, le cinéaste chinois est fidèle à ses thématiques d'historien contemporain de son pays, enregistrant ses mutations dans une narration affutée qui ménage de très belles ellipses. En définitive, autant que l'aspect social, c'est le récit romanesque qui séduit dans Les éternels, mené de main en maître, avec subtilité, avec au passage un portrait de femme superbe tour à tour soumise, défaite puis émancipée (c'est un peu plus complexe que cela, mais c'est l'idée générale). Cette héroïne est incarnée par la propre épouse du réalisateur, Zhao Tao, époustouflante. Elle personnifie avec grâce, autorité mais aussi avec ses failles une Chine nouvelle, peut-être un peu rêvée, où le sexe faible remplacerait le fort, usé et défaillant. Par rapport à ces films précédents, Jia Zhangke semble faire preuve de davantage de maturité, s'affranchissant des excès scorsesiens qui impressionnaient mais faisaient un peu oublier la profondeur de son cinéma. Les éternels semble moins brillant en surface mais il a davantage de poids et de densité tout en continuant à émerveiller par sa virtuosité esthétique.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon Arras Film Festival 2018, Au fil(m) de 2019 et Les meilleurs films de 2019

Créée

le 5 nov. 2018

Critique lue 509 fois

4 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 509 fois

4

D'autres avis sur Les Éternels

Les Éternels
Moizi
8

C'est grand, c'est beau, c'est fort, le roquefort !

Les éternels est un film magnifique et qui possède sans doute l'un des plus beaux rôles féminin qui soit. Jia Zhangke tourne une nouvelle fois avec sa femme Zhao Tao et il offre un rôle absolument...

le 16 mars 2019

45 j'aime

1

Les Éternels
Velvetman
8

Les affranchis

Article original sur LeMagduciné Alors qu’il part en trombe avec ses faux airs de film de mafia nerveux et sec comme un coup de trique, Les Éternels révèle par la suite toute sa profondeur. Un...

le 1 mars 2019

32 j'aime

1

Les Éternels
Docteur_Jivago
8

Valse en trois temps

On découvre d'abord une pègre qui n'en semble pas forcément une, c'est la fraternité qui est mise en avant ainsi que la loyauté, et les règlements de comptes n'ont pas l'air d'être une solution,...

le 26 juil. 2020

22 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

73 j'aime

14