Comme beaucoup le savent, le film à sketches est un exercice hautement périlleux dont le principal obstacle est de parvenir à fournir un tout cohérent et surtout que les différents segments soient de qualité et d’intérêt à peu près similaires. Paradoxalement, « Les Fantasmes » parvient à l’être mais dans le mauvais sens du terme. En effet, c’est raté de bout en bout et donc si ces courts-métrages (plus que des sketches) sur nos fantasmes sont qualité sensiblement équivalente, celle-ci est plutôt mauvaise. Et avec un tel casting, royal et impressionnant, la déception est à la hauteur de nos attentes. La plupart des comédiens semble à côté de la plaque et la plupart des associations de couple ne prend pas. Heureusement, le dernier segment avec Karin Viard et Jean-Paul Rouve, de loin le meilleur, rattrape un peu tout cela. La comédienne s’accaparant les seuls fous rires du film.
En fait, les deux problèmes majeurs du long-métrage sont le choix des fantasmes pour illustrer leur propos et le fait que ce soit une comédie pas drôle. Quelle idée a piqué les frères Foenkinos d’aller dénicher des pathologies sexuelles aussi rares, méconnues et bizarres ? Certes, cela nous permet de découvrir certains fantasmes iconoclastes et vraiment particuliers mais certains sont à la limite de mettre mal à l’aise... Ils auraient inséré la nécrophilie ou la scatophilie que cela ne nous aurait pas étonné. Bizarre et malsain! On a donc Podalydès et Clément pour la ludophilie (aimer jouer des rôles) dans un morceau relativement amusant mais vieillot. Puis Salette et Bedos avec la dacryphilie (être excité par les larmes) pour un segment tordu. Taglioni, De Meaux et Bedia avec la sorophilie (fantasmer sur la sœur de l’être aimé) pour un sketch ridicule et improbable. Bellucci et Bouquet pour la thanatophilie (le court-métrage le plus malaisant et osé). Legbhil et Japy pour l’hypophilie (aimer l’abstinence) pour celui dans l’air du temps mais anodin et enfin Viard et Rouve dans le plus sympathique avec l’autagonistophilie (qui est le plaisir du sexe filmé et regardé). Un vrai catalogue de bizarreries sexuelles en plus d’un cours de sexologie déviant...
Vous l’aurez compris, le film et le duo de réalisateurs se tirent une balle dans le pied avec ces choix hasardeux. En plus d’être chiche en gags, ces chemins narratifs limitent le potentiel comique, alors que par exemple le sadomasochisme, la bisexualité ou le fétichisme, un tantinet plus consensuels auraient peut-être permis davantage de rires. Cela rend « Les Fantasmes » plus triste que drôle et le film a une esthétique bizarre, entre film vieillot et sitcom d’AB productions. Si l’on ne s’ennuie pas grâce à des segments qui s’enchaînent vite, ce n’est vraiment pas une réussite. On est loin de « Les Infidèles » dans le même genre qui s’avérait bien plus drôle et mordant ou du film argentin « Les Nouveaux Sauvages » étalon maître contemporain de ce type de films à sketches. A éviter!
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