Les Fantômes d'Ismaël, un film qui nous fait du bien et qui nous touche. Le réalisateur revient en effet avec un film totaement desplechien de par ses voyages dans le temps et dans les différents récits des personnages que l'on retrouve une fois de plus liés d'un lien fort et à la fois complètement en inadéquation les uns avec les autres; ainsi que la place importante que prend le thêatre dans son oeuvre. Ce n'est plus du cinéma mais du théâtre au cinéma, un art presque irréel mais auquel on est obligé de croire grâce à son style.


On y retrouve en effet un magnifique trio composé de Mathieu Amalric dans le rôle d'Ismael, "fabricant de film" torturé et dévasté après le départ de sa femme 21 ans plus tôt, Sylvia , la nouvelle compagne de celui-ci qui doit faire face avec indulgence à la situation dans laquelle elle se trouve, interprétée par Charlotte Gainsbourg dont je ne suis pas particulièrement fan mais qui m'a sincèrement époustouflée de par son jeu extrêmement juste; et finalement, Carlotta, l'épouse fantômatique et qui revient récupérer son mari. Celle-ci est interpretée par Marion Cotillard qui nous livre un jeu digne d'une héroïne d'une tragédie antique. Cela lui donne une dimension d'autant plus divine qu'elle ne l'est déjà.
N'oublions pas non plus ce récit scénaristique parallèle dans lequel se trouve entre autres Louis Garrel que nous découvrons avec un jeu purement théâtral qui ne nous déplait pas du tout, au contraire.
Nous ne pouvons qu'admirer tous ces acteurs qui nous livre un jeu parfait et sans fausses notes en tenant compte de la complexité des très beau dialogue dont Desplechin nous a habitué et qui sont réellement synnonymes d'une pâte du réalisateur.
De plus, le spectateur fait totalement partie des personnages grâce aux apostrophes des acteurs pratiquement face caméra et au fait que le réalisateur laisse au spectateur le choix de son interpretation du film.


En ce qui concerne le rythme du film, s'il peut sembler au spectateur que certains plans sont longs, ils lui permettent en réalité de comprendre toute la psychologie des personnages de par leur composition extrêmement travaillée.
C'est un film qui nous parle de l'évolution psychologique de chacun des personnages et qui avance grâce à leur changement/ emancipation ou au contraire leur stagnation dans la place qu'ils occupaient. Si l'on devait retenir une scène, on retiendrait sûrement, en tout cas pour ma part, la fameuse scène de danse de Carlotta observée par une Sylvia plutôt rêveuse et enjouée. Celle-ci nous rappelle celle de Trois Souvenirs de ma jeunesse, avec l'être compliqué et sûr de lui, que l'on arrive pas à cerner et qui est observé par un réel admirateur puisque d'un côté c'est un homme qui aime et de l'autre, une femme jalouse qui donnerait tout pour être à la place de l'autre.


En conclusion, même si nous ne comprenons pas tout et que les personnages non plus, ce film esthétique et purement desplechien nous permet une identification incroyable dans certains traits des personnages ainsi qu'une interpretation qui nous est propre et qui peut varier du tout au tout selon le spectateur. On comprend les choix et on parvient à se mettre à la place des personnage. On rit avec eux, on pleure avec eux. Une très belle histoire, avec un trio et un duo très beaux et attachants.

Créée

le 18 mai 2017

Critique lue 472 fois

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Zoé Pinelli

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