Grosse déception !
Moi qui suis un fervent admirateur des films d'Arnaud Desplechin (hormis Rois et Reine) et qui m’attendais donc à visionner un très bon film, je suis très déçu par ces Fantômes d’Ismaël.
Ça ne partait pourtant pas si mal, même si le montage alambiqué mélangeant la temporalité, l’intrigue parallèle du film dans le film, les emprunts aux maîtres Hitchcock, Truffaut, Bergman ou Fellini, plus les références à la filmographie de Desplechin lui-même chargeaient un peu trop la barque pour être vraiment digeste.
Les actrices, Charlotte Gainsbourg toute douce et sage, Marion Cotillard, charmante et mystérieuse, étaient très agréables à regarder et l’intrigue principale plaisante à suivre. Mais alors que je m’attendais à suivre un triangle amoureux à rebondissements, profond et émouvant, Desplechin nous laisse en plan, pour bifurquer sur l’histoire d’un réalisateur alcoolique en crise, incapable de finir son film. Nettement moins intéressant (même si Fellini en a fait un chef d'oeuvre).
Si encore c'était bien fait, ça irait peut être, mais malheureusement les scènes entre Mathieu Amalric et Hyppolite Girardot (interprétant son producteur) sont absolument grotesques ! Voir Amalric faire un caca nerveux et se réfugier dans sa ville natale, puis menacer son producteur, venu le récupérer, avec un revolver est d’un ridicule achevé qui m’a laissé pantois, stupéfait et abasourdi en même temps (si, si, c’est possible).
Du coup la fin n’a plus d’intérêt et est (heureusement) expédiée rapidement.
C’est curieux que Desplechin, qui restait sur deux films extrêmement maîtrisés, ait finalement décidé ici de casser son jouet, de massacrer son film. Peut être a-t-il voulu rompre cette maîtrise en y incorporant du désordre et de la démesure, ou bien a-t-il pensé que son cinéma était trop sage et qu'il fallait lui ajouter un peu de folie ? Mais hélas, toutes les scènes paroxystiques sont ratées. La gueulante que passe Amalric à Cotillard pour lui reprocher sa longue absence est forcée et quand il pète un câble pour fuir à Roubaix, on n’y croit pas non plus.
Si Desplechin est vraiment ce réalisateur alcoolique qui pique des colères sur le plateau et s’enfuit en cours de tournage, comme il le décrit dans son film, on peut comprendre le résultat de ce dernier opus. Espérons dans ce cas, qu’il se repose bien et qu’il se calme un peu sur les médocs et l’alcool, qu’il chasse ses fantômes ou qu’il les apprivoise, pour nous offrir à nouveau un très bon film. Parce qu'il ne faudrait pas que ses démons aient raison de lui et qu'il ne nous serve plus que des œuvres boursouflées et chaotiques style "Trois souvenirs de ma vieillesse" ou "Pourquoi je me suis bourré la gueule - Ma vie éthylique".
Allez Arnaud, courage ! Reviens nous en pleine forme ! Avec un film complètement fou, si tu veux ! Mais en tout cas, plus exaltant que celui-ci (même s'il n'est pas carrément mauvais non plus).
Autre bizarrerie, il existe une version longue de 17 minutes de plus, qui serait moins catastrophique. Est-ce bien raisonnable d’avoir fait deux versions ? N’y en aurait-il pas une troisième, sans les scènes de Roubaix ?