J'ai enfin pu voir le dernier Desplechin et en version longue. Je ne sais pas pourquoi il y a deux montages de ce film, surtout que Desplechin a tendance à faire des films assez longs d'habitude... Enfin bon, toujours est-il que j'ai vu ce que je crois être la bonne version du film et que c'était pas mal du tout.
Alors je ne dirais sans doute pas que c'est aussi bon que pouvais l'être Rois et Reine ou bien Conte de Noël (ou même très récemment 3 souvenirs de ma jeunesse), mais j'aime cette variation autour des personnages qu'a pu incarner Amalric dans le cinéma de Desplechin.


C'est-à-dire qu'ici le personnage le même prénom que dans Rois et Reine, le frère a le même nom de famille que dans Comment je me suis disputé ma vie sexuelle et 3 souvenirs de ma jeunesse, c'est comme une autre histoire, une vie alternative de ces personnages. Paul Dédalus qui dans le film précédent avait donné son identité semble devenir ici Ivan Dédalus qui est au service du ministère des affaires étrangères et lié à des affaires d'espionnages... Ismaël musicien incarcéré en hôpital psychiatrique est ici un réalisateur qui craque totalement et se met à élever des poules...


Le film brasse énormément de thématiques, ça commence comme un triangle amoureux assez malsain, où une ancienne épouse qui avait disparue revient pour récupérer son homme et ça se poursuit avec quelque chose plus proche de la lubie d'artiste maudit et du thriller ou du film d'espionnage.


On retrouve les personnages hauts en couleur propres à Desplechin, Amalric à la fois extrêmement doux et violent et on a surtout une Charlotte Gainsbourg extrêmement apaisante, très belle, qui est d'ailleurs le personnage le plus sain du film tant tous les autres sont à interner. Je note le petit rôle de Girardot, déjanté et vraiment plaisant, venant ainsi relancer le film dans une direction totalement nouvelle.


Et c'est ça qui est fou dans le film, c'est sa capacité à se réinventer en cours de route à partir de quasiment rien pour lui donner un nouveau souffle.


J'ai moins été touché que d'habitude, mais le monologue de fin de Gainsbourg est vraiment puissant, j'aime lorsque Desplechin assoit ses personnages sur une chaise pour leur faire raconter ce qui a bien pu se passer lors d'une ellipse, ça permet d'avoir un recul sur des événements heureux ou tragiques et la distance renforce l'émotion véhiculée. Je dirais juste que le dernier soupire de Gainsbourg est un peu poussif et ne sonne pas très juste (pour pinailler).


Mais sinon j'ai vraiment passé un très bon moment à ne pas savoir où Desplechin pouvait bien vouloir m'emmener.

Moizi
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le 3 déc. 2017

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Moizi

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