Les Muppets featuring la Monstrueuse Parade. Un spectacle de marionnettes nihiliste, d'une vulgarité absolue, véritable glaviot lancé à la gueule du monde du spectacle. Ambiance de comédie italienne glauque et hurlante -on pense à Affreux Sales & Méchants- sans espoir, sale comme une cuvette de chiotte maculée de diarrhée séchée.
Dans ce pamphlet jusqu'au-boutiste monté dans des conditions extrêmes et avec des moyens ridicules par un Peter Jackson excédé de ne pouvoir mener à bien son projet Braindead, on suit le quotidien sordide d'une troupe de music-hall minable qui tente envers et contre tous de monter leur spectacle. Destructuré, claustrophobe, le film tient plus d'une succession hachée de tranches de vies toutes plus fucked-up les unes des autres, que d'une intrigue bien distincte.
Une hippopotame chanteuse sur le déclin déprime dans la malbouffe car elle est trompée par son compagnon. Un morse, le directeur de troupe, se tape sa secrétaire -une petite chatte- sous le bureau tout en dirigeant un trafic de cocaïne. Un rat réalise en coulisse des films porno avec une vache blasée et un lapin qui a des problèmes d'érection -il doit sniffer les culottes des caniches de la chorale pour bander. Un éléphant dépassé par les évènements est harcelé par une poule qui veut lui faire reconnaitre la paternité de son fils, un poussin avec une trompe. Un lanceur de couteaux toxico et traumatisé par la guerre du Viet Nam, tue par erreur son assistante en raison d'une crise de manque. Un fakir rate une acrobatie et finit la tête enfoncée dans son rectum. Un journaliste de presse people tente d'extirper de tout ce sale monde des potins scabreux: ce n'est ni plus ni moins qu'une mouche à merde qui a élu domicile dans une cuvette de toilettes. Au milieu de toute cette ménagerie dégénérée, un jeune premier, un hérisson timide et sensible, essaye désespérément de croire encore à la magie du spectacle.
L'humour est total régressif, souvent hénaurme, les gags régulièrement débiles sont entrecoupés d'hommages décalés (la scène de la roulette russe de Voyage au Bout de l'Enfer). Gluant, poisseux, malsain, sans aucune finesse, le film ne recule devant rien, n'élude aucun effet gore, aucun excès, aucun fluide corporel. Explosions de tête, éjaculations, scènes scato, perversions diverses, sans oublier le massacre salvateur final, tout y passe, sous les rires gras et sardoniques d'une VF décapante.
Le film a vieilli dans la mesure où, d'une, les Muppets ne sont plus vraiment d'actualité, du coup la parodie a perdu de sa superbe. Et de deux, on a pris l'habitude de ce genre de faux film pour enfants hyper trash, notamment via les séries d'animation pour adultes: Happy Tree Friends, Les Kassos, les productions Adult Swim (Rick & Morty, American Dad...), sont passées par là. Mais peut-être doivent-elles beaucoup à cet ovni filmique punk, inégal mais sans concession et d'une hystérie contagieuse.