Une tension immédiate. Une femme battue qui fait la morte pour échapper à son mari. Puis elle se lève, passe par derrière, brandit sa pelle, et lui fend le crâne. Ne vous en faites pas, aucun spoiler, il s'agit ici des premières minutes du film, plutôt surprenantes, lorsqu'on s'attend à une comédie sur trois colocs un peu barrés. Et si l'aspect comique est bien présent, il coexiste avec du thriller, du drame, du fantastique même, dans un joyeux bordel foutraque et coloré que ne renierai pas Pedro Almodovar. Voilà, en gros, ce qu'est "les femmes au balcon".
Discours féministe relativement peu subtil, il m'est arrivé d'entendre une phrase, de femme à femme, qui trouve ici une illustration littérale "tu ferais quoi, toi, si il n'y avait plus d'homme?" et à cela Noémie Merlan semble avoir plein de réponses. Si il est toujours agréable d'avoir un "men are trash le film" de plus, ne vous attendez bien sûr pas à une thèse de haute volée, plutôt à un film qui essaye de rendre justice à ce que peuvent être les conséquences d'une agression sexuelle sur la psyché, en portrayant trois femmes ayant un rapport bien différent à la sexualité. L'une est célibataire de longue date, la deuxième camgirl et libertine, la troisième bien casé dans un couple bien hétéro bien cringe. Le film nous montre donc par ce biais qu'aucun de ces modes de vies n'est mieux ou moins bien en soit, mais que certaines femmes sont moins épanouies : celles qui n'ont pas vraiment choisit (c.f Noémie Merlan).
Si le film prend place sous le soleil brut de Marseille, c'est pour mieux nous immerger dans son atmosphère pesante, à grand coup de désillusions, de traumatisme et de sororité. Et si je ne retiens pas spécialement d'effet de style (de montage, de musique, etc), Les femmes au balcon n'en demeure pas moins efficace et surprenant. Alors oui, il ressemble à une série B ravagé du bulbe, mais je crois en la vertu de ce genre de films.