Ah je sens déjà les cris d’orfraie de la team 1er degré suite au visionnage de ce film, le dégoût, l’incompréhension, la révolte et rien d'autre que la fin du cinéma à l’air du wokisme acharné.
Alors c'est vrai, je regrette les quelques maladresses qui alourdissent un film qu’on aurait préféré encore un peu plus libre, sans bonnes intentions voire sans direction évidente. La scène de repentance ainsi que la scène de confrontation entre Nicole et ses fantômes semblent apporter une résolution là où j'aurais imaginé davantage de chaos, de réel et d'incertitudes. Mais il est sans doute difficile d’assumer de mêler de vrais enjeux politiques avec des scènes aussi grotesques et "absurdes". Et c’est pourtant là que le film est le plus politique, non pas dans son discours mais dans ses images et ses effets.
A la fois comédie burlesque, farce sociale et film fantastique... le film va partout où on ne l'attend pas.
Si certains y voient un manifeste limpide et misandre, j'y vois un cri. Une manière d'exprimer la part inconsciente refoulée des âmes meurtries et traumatisées.
Si certaines (surtout) jubilent devant ce long-métrage, c'est bien parce qu'il met en scène ce qui agite parfois nos corps et nos esprits mais qui ne peut se dire. Il s'agit là, à la manière d'un rêve, de laisser s'exprimer la rage rentrée, la colère et l'impuissance ; mais aussi le désir et l'amour. Car plus encore que la haine des hommes, c'est l'amour des femmes qui surgit.
Noémie rompt d'ailleurs avec le scénario habituel et attendu de rivalités féminines (3 femmes pour 1 homme) en préférant un lien sororal autour d'un trauma partagé par toutes (poke Sylvia Lippi).
A ce foutoir, s'ajoute deux scènes d'un réalisme brutal : le gynécologue et le viol conjugal. Et là c'est le corps du spectateur qui parle : le mien se tend, celui de mon voisin s'agite, d'autres s'éxaspèrent. La salle prend vie. Jusqu'à cette fin bouleversante qui m'attrape à la gorge et ne me lâchera que quelques heures plus tard. Rares sont les films qui provoquent chez moi de tels effets, je dirais politique. On en sort la tête haute, les larmes aux yeux mais le sourire aux lèvres avec l'idée qu'il s'est passé quelque chose entre nous toutes.