Ce film m'a donné mal au dos. On m'a prédit de l'angoisse, du trouble, de l'horreur et du rire accompagné d'un "c'est un film pour toi Julia, toi qui aime les trucs tordus". Mais à la place, c'est moi qui me tord et me crispe sur mon siège essayant de contenir mon agacement pour ne pas contaminer le voisin.

Ce film nous prend pour des cons. Il nous dit tout. Et 50 fois. Comment ressentir du trouble à partir du moment où le texte est aussi lisible ? Le discours est partout, tout le temps. Par les images et les symboles d'abord (et ça y va à la truelle genre le producteur grotesque s'appelle Harvey, VOUS L'AVEZ ? VOUS L'AVEZ ???), par cette putain de voix off d'outre-tombe ensuite qui vient combler l'absence criante d'idées de mise en scène et de scénario (prix du scénario WTF). Le film passe son temps à nous dire ce qu'il fait, à le surligner au point que plus rien ne nous attrape, ne nous trouble ou ne nous questionne. Dailleurs, la trame est si consensuelle qu'on en devine tous les ressorts dès les premières secondes. Et plus ça tourne en rond, plus ça sonne creux. Cette logique de l'excès vient masquer la grande vacuité du film.


Coralie Fargeat se targue de prendre à bras le corps le sujet de la vieillesse chez les femmes mais seulement au travers de tous les clichés : de la femme aigrie à la harpie dégénérée. On pourrait tenter de sauver cette idée en expliquant qu'il s'agit au contraire de représenter l'archétype de la vieille sorcière dans l'imaginaire collectif. J'entends. Mais j'ai du mal à ne pas y voir un sujet prétexte pour déployer au maximum sa jouissance "masculine". Tout nous y invite : des dizaines de scènes filmant ces culs parfaits ("ouais mais c'est pour mieux les denoncer" blabla. Elle s'en sort bien avec ce genre de rhétorique implacable) jusqu'à l'étalage phallique des refs ciné à n'en plus finir.

Dans l'absolu pourquoi pas. Qu'elle l'assume jusqu'au bout dans ce cas plutôt que d'utiliser un sujet valise. Car bien au delà du problème éthique, le film sonne faux (cul) et manque cruellement de... SUBSTANCE.

JuliaBall
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le 9 déc. 2024

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Julia Bl

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