"Les Femmes au Balcon", ou comment étirer un vaudeville de quartier en une fresque existentielle à grand renfort de bons sentiments et de malentendus rocambolesques. Julie Manoukian, en fine observatrice du quotidien, tente une comédie sociale à mi-chemin entre le drame et la satire. Mais au lieu d’un équilibre subtil, c’est un jeu d’acrobates sans filet où l’humour titube et le sérieux s’effondre dans un soupir désabusé.
On suit donc ces femmes qui, du haut de leur balcon, surveillent le monde comme une poignée de dieux de pacotille, se croyant omniscientes alors qu’elles sont empêtrées dans leurs propres contradictions. On rit, parfois jaune, face aux péripéties de ces héroïnes attachantes mais si caricaturales qu’on peine à croire à leur existence. Certaines scènes sont drôles – un quiproquo bien placé ici, un regard complice là – mais souvent, ça tourne en rond, comme une discussion de voisins qui s’éternise un dimanche après-midi.
Les actrices font ce qu’elles peuvent avec ce qu’on leur donne. Leur énergie est palpable, mais elles semblent enfermées dans des rôles trop attendus. Et puis cette mise en scène… On aimerait qu’elle ose plus, qu’elle bouscule un peu au lieu de simplement nous caresser dans le sens du poil. À force de vouloir tout arrondir, le film perd en mordant.
Cela dit, "Les Femmes au Balcon" reste une chronique douce-amère qui, malgré ses maladresses, parvient à capturer quelque chose de sincère dans les relations humaines. C’est du cinéma de voisinage, à savourer comme un verre de vin en terrasse : plaisant sur le moment, mais vite oublié une fois rentré chez soi.