Découvert totalement par hasard les filles au Moyen Âge est un film rare, unique en son genre dans la forme, sa beauté et surtout son message qui déplaira à bon nombre de personnes.
Le film commence en montrant des garçons qui jouent à Skyrim et qui ne veulent pas jouer avec les filles. Les garçons racontent comment se payer une belle épée dans le jeu et parlent de kidnapper les jeunes filles pour en exiger une rançon (si on peut vraiment faire ça dans le jeu je suis prêt à réévaluer mon opinion sur le jeu), mais les filles elles veulent jouer aux princesses sans pouvoir qui se font délivrer par un chevalier dehors, jouer en vrai.
Et c'est là qu'intervient Lonsdale, grand-père d'une des filles qui veut raconter que le Moyen Âge ce n'était pas ce que l'on croit, que c'était très différent et d'une certaine manière bien mieux que la Rome Antique et que la Renaissance, notamment en ce qui concerne le traitement des femmes. Et là j'ai eu peur d'un film féministe totalement bateau qui enchaîne les clichés et lieux communs "ouin ouin on a oublié untel qui était une femme importante vilain patriarcat". Mais c'est tellement différent, tellement plus intéressant que ça.
Et je pense que c'est parce qu'il est plus intelligent que ça, qu'il est exactement sur la ligne que je défends politiquement, peut-être naïvement, qui doit être détesté par les féministes.
Alors je ne connais la rigueur historique du film, mais bon lorsqu'on parle de l'an de grâce 17 à la fin de l'Empire Romain, bon on se doute que ça ne va pas être très factuel...
Le film plonge donc ses enfants dans le Moyen Âge où ils sont vaguement déguisés en chevaliers, en gente dame et on leur fait jouer des histoires où l'on apprendre que la lapidation est démocratique car tout le peut participer (c'est une boutade qui m'a fait rire dans le film), mais surtout que contrairement à ce que les féministes et le gens en général croient le christianisme n'a pas été une plaie pour les femmes. On évoque le passage de la lapidation de la femme adultère dans la Bible, mais aussi le fait que si les hommes tiennent de Jésus, les femmes elles doivent tenir de Marie, donc de la mère de Dieu, ce qui les conduit à être plus respectée que durant l'Antiquité romaine.
Le film enchaîne donc les exemples où les femmes inventent des choses, découvrent des choses et ne sont pas les petites choses éplorées que les féministes voudraient bien nous faire croire, où elles ont été dominées jusqu'à nos jours. Chaque scène est à la fois drôle et touchante, parce qu'à chaque fois il y a une idée de mise en scène, la caméra qui suit Clovis qui tabasse ses ennemis, la fausse interview de Charles VII, mais aussi sur la fin le retour à la modernité qui se fait par un retour à la couleur totalement mortifère.
Le film montre quand même les dérives des femmes, notamment celles qui abusent de leurs pouvoirs sur les hommes : "je t'accepte dans ma couche si tu me ramènes le Graal", le tout pendant qu'elles avaient plusieurs amants. Une manière très polie d'éconduire un amoureux trop embêtant et bien gentil (les femmes actuelles ne font pas autre chose, c'était le shit test de l'époque).
Mais là où le film devient réellement sublime c'est avec la mélancolie de la fin, à partir de la capture de Jeanne d'Arc. Parce que Hubert Viel, le réalisateur ne semble pas être un grand amateur d'un pouvoir centralisé, au contraire, il aime les petites communautés autonomes, respectueuses et pieuses. Et il voit donc d'un très mauvais œil le pouvoir central qui conduit à imposer des règles au détriment du local... et il fait le lien fatalement avec la monoculture, la finance, le béton, les zones commerciales etc.
C'est certes très naïf, mais il n'empêche qu'une cathédrale c'est plus beau, plus important qu'une tour dans le quartier de la Défense.
Pour s'éviter d'être totalement déprimant, le film s'autorise un espoir, que quelque chose survive et que tout ne soit qu'un éternel recommencement et qu'un jour viendra peut-être où la tradition resurgira et l'on créera à nouveau des choses belles...
Ce qui pose problème pour beaucoup dans le film c'est l'importance de la religion, les féministes n'ont pas envie de savoir que la condition des femmes s'améliore avec le christianisme, les marxistes, les anarchistes n'ont pas envie d'une société où l'autosuffisance alimentaire est atteinte par des groupes d’individus pieux. et c'est ça qui est dommage, c'est qu'ils n'ont pas compris que cette piété, que cette tradition permettait de créer une culture, un respect, qui s'oppose au capitalisme, à l'uniformisation totale de toute chose sous la forme de parking, de centres commerciaux et de lotissements sans âme où tout se ressemble.
On a un grand film, naïf certes, mais qui conserve un charme fou, une vitalité et surtout un regard très critique sur le monde d'aujourd'hui... où l'éloignement de la piété est le début de la consommation et de la superficialité... où les capacités individuelles à être des gens épanouis ne sont pas mise en avant et ces gens qui sauraient tout faire, toucher à tout, être capable de plein de choses sont justes broyés par des emplois précaires...