Une expérience pour le moins singulière qui juxtapose une matière documentaire brute avec un dispositif de fiction ou la mémoire traumatique défie la violence de l'islamisation endurée par une famille Tunisienne dans un passé pas si lointain.
Bien qu'elle permette une intéressante radioscopie de cette société précurseure longtemps phare éclairé du monde Arabe devenue obscurantiste au gré des bouleversements politiques théologiques et religieux d'un régime corrompu, elle n'évite pas certains questionnements d'ordre éthiques. On peut en effet se demander quel est l'intérêt d'une reconstitution artificielle des événements vécus par cette famille, étant donné que celle-ci fut largement médiatisé à l'époque par les médias locaux. Il est difficile d'échapper à un malaise lancinant devant les subterfuges des vrais protagonistes et la maladresse de leurs doublures fictionnelles. S'y rajoute parfois une surdramatisation des affects émotionnels et son envers d'une insouciance factice assez douteuse au regard des enjeux que soulève le film.
C'est fort de ce constat qu'il est très difficile d'avoir un avis bien arrêté sur cette proposition audacieuse. On peut fort à propos louer son intention philosophique et le courage employé par toutes les parties pour s'engager dans un tel contexte inflammable. Et saluer l'abnégation de Kahouter Ben Annia pour déjouer les obstacles manifestement réels d'aboutir au processus final. Sans s'empêcher de trouver la démarche plutôt veine et prétentieuse devant l'objection d'un nouveau Califat qui n'a guère besoin d'une représentation cinématographique pour terroriser ces territoires.
Le propos étant particulièrement éprouvant et certaines situations visuellement assez effrayantes, il est fortement déconseillé à toute âme sensible.