Formidable film que cet essai multiforme dans lequel deux actrices prennent la place de deux soeurs parties rejoindre le djihad.
La mère et les deux autres soeurs jouent leur propre rôle, se livrent face caméra, rejouent des scènes passées, sont filmées dans leur vie quotidienne ou dans des lieux emblématiques de leur passé. Le tout est très maîtrisé et ce qui aurait pu apparaître comme un collage informe finit par donner vie au drame qu'a vécu cette famille, sous une forme résolument inédite.
On est saisi par les vérités brutes que le film parvient à exprimer : l'embrigadement est en grande partie la faute des parents (les problèmes du père, la violence de la mère), mais les circonstances (la pauvreté) et le hasard (le prédicateur et le vagin qui prend feu) jouent aussi un rôle. Le procédé est tellement puissant que l'inconfort n'est souvent pas loin.
On est parfois gêné des minauderies de comédiennes en herbe des soeurs non actrices alors que le drame est toujours là, ou dubitatif devant certaines scènes lors desquelles le linge sale de la famille semble se laver devant nous.
Les filles d'Olfa est à la fois une psychanalyse de groupe, un "méta-film" d'un genre nouveau, un digest sur la société tunisienne, une réflexion sur la transmission et le destin, et un documentaire en prise directe avec la réalité.
Un film inclassable et brillant.
2000 autres critiques sur Christoblog : http://www.christoblog.net