Avec une enfance marquée par la guerre, et la mort de son père dans le massacre de Katyn, Andrzej Wajda a continuellement évoqué les thèmes de l'oppression, de la résistance et de la liberté, de Kanal à Danton, en passant évidemment par L'homme de fer. Les fleurs bleues, qui restera son dernier film, ne fait pas exception à la règle avec la figure du peintre Strzeminski, artiste d'avant-garde, pair de Chagall, Malevitch et Kandinsky, qui s'opposa à l'orthodoxie du régime stalinien de la Pologne, au début des années 50. Un homme diminué, manchot et unijambiste qui ne transigeait pas avec ses principes. De l'art contre les cochons (rouges) et un combat perdu d'avance, ce que le film montre avec un sens du détail documentaire. La grisaille de l'époque, les queues devant les boucheries, les rafles, lettres anonymes ... Les fleurs bleues n'est certes pas digne des plus grandes réussites du cinéaste polonais, sa mise en scène est froide et le montage trop mécanique, mais il restera comme le testament d'un artiste, lui aussi, qui n'aura cessé de creuser ses thèmes de prédilection avec courage, lyrisme souvent, et cet attachement aux valeurs humaines jamais pris en défaut.