Américain exilé à Londres, Harry Fabian est un misérable combinard, qui tente d'escroquer ceux qui ne l'ont pas encore blacklisté. Un jour, il saisit l'occasion de monter un combat de lutte professionnelle, qui pourrait lui rapporter gros.
Il est amusant de voir quelques parallèles entre l'intrigue et la genèse du film. En effet, la production de "Night and the City" fut délocalisée à Londres pour permettre à Jules Dassin d'échapper à la chasse aux sorcières anti-communiste. Avant qu'il ne soit formellement blacklisté, et qu'il ne quitte les USA...
A part ça, il s'agit d'un film noir qui n'a rien perdu de sa force, tant il est moderne. La plupart des personnages sont assez ignobles, passant leur temps à se tirer dans les pattes, ce qui visiblement n'a pas été du goût des critiques de l'époque. Et pourtant c'est ce qui est fascinant.
Avec en tête le protagoniste, incarné par un Richard Widmark parfait. Il incarne cet homme malin mais empêtré dans les plans foireux. N'hésitant pas en entuber le premier venu, mais menant ses propres opérations sans cynisme, étant persuader qu'il va finir par toucher le pactole.
Le tout dans une ambiance sombre, au propre comme au figuré. Jules Dassin exploitant très bien les ombres des décors urbains et des intérieurs peu éclairés. Le réalisateur livre quelques scènes bien marquantes. Dont un final très brutal, et une séquence de combat devenue célèbre, particulièrement crue et réaliste. J'ai peine à croire que les deux acteurs/lutteurs en sont sortis indemnes !
Pour l'anecdote, il existe deux versions du film. Une américaine de 1h36, qui correspond à la version officielle, et celle semble-t-il approuvée par Jules Dassin. Et une britannique de 1h40, avec quelques éléments en plus et une BO radicalement différente.