Indéniablement, Gabriel Le Bomin a su exploiter intelligemment un budget assez restreint pour nous offrir une œuvre sans concessions, mais surtout sans pathos et d'une grande sobriété. On sent ainsi à chaque minute la volonté de coller à la réalité, de montrer une peinture à la fois sensible et réaliste de la Première Guerre mondiale tout en racontant une histoire, et surtout en s'attachant aux terribles traumatismes qu'ont suffi bien des soldats.
Le problème, c'est qu'à force de vouloir ne jamais trop en faire, le réalisateur étouffe quasiment toute l'émotion qu'un tel sujet aurait dû provoquer automatiquement. On a beau ne pas être indifférent au sort de notre héros, on ne se passionne pas plus que cela non plus pour ses malheurs, et ce alors que celui-ci est plutôt attachant. Il n'y a pourtant pas de réelles fausses notes et même quelques scènes aussi dures que réussies, mais « Les Fragments d'Antonin » reste malheureusement trop froid, trop carré pour séduire totalement. Dommage, l'entreprise était belle.