Souvenir d'une vie
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Comme l'a dit un être qui m'est cher et qui souhaite rester anonyme : "Le cinéma et l'Art n'ont pas pour objet la pensée. Ils doivent au contraire la diluer, la rendre miscible et retrouver ce qui lui est antérieur. L'Art est une conjuration de la vie."
Bergman, mieux que personne à part son admirateur Andrei Tarkovski, arrivait à toucher à ce miracle et à retrouver un peu de l'évidence. Les Fraises Sauvages est sans doute le film que je préfère parmi ceux de son réalisateur que j'ai vus à ce jour, c'est-à-dire une dizaine.
Il illustre d'ailleurs à ce titre les limites funestes qui se dressent entre moi et Bergman, les seules entraves à mon adhésion totale. Lâchons le mot dès maintenant ; je trouve Bergman trop bavard. Le cinéma, c'est l'image, le non-dit et la spontanéité de l'intuition.
Cela dit, je comprend et respecte la place du langage et du monologue chez Bergman. Même si, de ma position de jeune français du troisième millénaire (les deux autres étaient mieux, je pense), je ressens un vrai décalage avec les tics vitaux ou les habitudes des personnages, j'arrive sans problème à le dépasser. Cette frontière m'invite même justement à m'arracher de moi-même, à faire un pas vers le film et ce qu'il peut montrer, pour donner réellement à l'oeuvre la substance qu'elle réclame, et que le pont entre Bergman et celui qu'il cherche du regard se construise. Un grand film est une sublimation de son créateur, et c'est au spectateur que revient le grandiose privilège de la rendre effective.
De plus, Bergman donne beaucoup de lui-même, de son univers un peu guindé et culturellement spécifique, c'est vrai, et je répète qu'un décalage peut se ressentir. Mais je vois aussi cette patte ultra-personnelle comme un moyen nécessaire de matérialiser la vie telle que Bergman la vivait, afin de la dépasser par la suite. C'est un élan, avant le saut dans l'infini.
Cet avis porte autant sur l'ensemble de l'oeuvre d'Ingmar Bergman que sur les seules et très belles Fraises Sauvages. Celle-ci ne m'emporte pas toujours, mais à tête reposée, elle ne cessera jamais de susciter mon respect.
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Créée
le 1 janv. 2017
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