Un western crépusculaire avec des cowboys ayant l'air cruel, agissant sans pitié, mais qui sont en fait tout plein de bons sentiments. Comme c'est original. Sam Peckin... quoi ? Non, connais pas. Clint Eastwood ? Non plus. Bon, blagues à part, il n'y a rien de nouveau au Far West de ce côté-là, Jacques Audiard ou non.
Il essaye bien de faire original avec une BO décalée qui l'est un peu trop, car ne correspondant pas à l'atmosphère voulue dans la séquence du moment ou n'apportant pas la bizarrerie souhaitée, car ce qui est montré reste conventionnel dans son scénario même, BO décalée ou non. Il essaye bien aussi de sortir ses petits plans à l’œilleton, sans que ce soit justifié par quoi que ce soit, juste pour se la péter, genre pour dire "coucou, c'est Jacques Audiard et j'adore trop les plans à l’œilleton". Dans Un prophète, par exemple, c'était pour montrer l'enfermement physique et mental des personnages. Là, ben, que dalle, si ce n'est pour la frime de vouloir avoir sa patte sur un machin banal pour se distinguer.
Allez, en mettant tout cela de côté, Les Frères Sisters aurait pu fonctionner avec une écriture correcte, faute de révolutionner le genre. Ce n'est même pas le cas. Les conflits se résolvent en cinq secondes, les ennemis deviennent BFF en un clin d’œil. Il y a plein de choses balancées qui ne sont pas du tout exploitées, comme l'idée du phalanstère ou le commanditaire puissant (au passage, pourquoi prendre un monument de charisme comme Rutger Hauer pour rien du tout ? ; non, non, je n'exagère pas, pour rien du tout, vraiment !). La scène dans la rivière vers la fin, m'apparaissant pourtant essentielle à l'action et à l'émotion, est bâclée. Le reste venant après l'est tout autant comme si hop hop hop il est temps de finir. C'est poussif, c'est bêtement flou.
Bon, il y a de beaux paysages, la réalisation ne les met pas trop mal en valeur (ce n'est pas du Anthony Mann, mais bon, je ne peux pas se plaindre à ce niveau-là !). Et point de vue distribution, John C. Reilly, Joaquin Phoenix et Jake Gyllenhaal quand même, Audiard s'offre un luxe qu'il aurait bien eu tort de se refuser. Mais aussi talentueuses que sont ces stars, si l'ensemble n'a rien de mieux à leur donner, ce n'est pas la peine.
Allez, je vais le caser dans la catégorie "oubliable". Allez, c'est déjà oublié.