Je n'ai pas énormément de références en matière de giallo, mais quand je lis partout que "Profondo rosso" fait partie des tout meilleurs jamais tournés, je m'inquiète un peu pour les autres...
Non pas que le film de Dario Argento soit foncièrement mauvais, mais j'ai bien du mal à m'enthousiasmer pour cette enquête au rythme neurasthénique (volontairement, semble-t-il) menée par des personnages dénués de charisme, autant que les comédiens choisis pour les incarner.
Franchement, le duo composé de David Hemmings ("Blow up") et Daria Nicolodi (compagne d'Argento à la ville et mère de sa fille Asia) prête plutôt à sourire et je n'ai pas ressenti la moindre empathie pour ces deux-là.
Heureusement, il reste la mise en scène du maestro italien pour donner le change : dans un style qui le rapproche d'un De Palma à la même période, Argento déroule ses références (Polanski , Hitchcock, Antonioni...) avec un savoir faire indéniable, qui se concrétise notamment lors des séquences de mise à mort, superbes de maîtrise et d'inventivité, sur la musique binaire mais entêtante du groupe Goblins.
Les scènes de conversation s'avèrent a contrario nettement moins convaincantes, plombées par des dialogues sans relief, qui flirtent souvent avec le nanar. Et encore, j'ai vu la version internationale, dans laquelle cet aspect a été minoré...
Au final, "Profondo rosso" peut faire valoir un certain nombre de très bonnes idées (le twist final et surtout la façon dont le héros découvre la vérité ; une esthétisation de la violence assez audacieuse...), mais dans l'ensemble je n'aurai guère ressenti de frissons ni d'angoisse (il est vrai que c'est le genre de films qui gagnent à être vus dans une salle de cinéma).