Ce film est considéré comme un des meilleurs films de son réalisateur, mais aussi comme un sommet du giallo tout court. Sans être un spécialiste de l'un ou de l'autre, j'avoue ne pas être d'un enthousiasme débordant par rapport au résultat.
Dario Argento n'a jamais été un grand scénariste, ni un grand dialoguiste. La qualité d'une de ses œuvres dépend de la place que prennent ces problèmes. Parfois, c'est peu gênant, l'ensemble reste très bon malgré tout. Parfois, ça gâche pas mal. Pour Les Frissons de l'angoisse, malheureusement, on est dans la deuxième catégorie selon moi.
Le metteur en scène est surtout un très bon formaliste. Quand il isole des personnages face au danger, il assure (donc quand les dialogues ont peu d'importance et que la technique peut combler les déficiences de l'écriture !). Il donne le meilleur de lui-même.
Et franchement, le coup du reflet du miroir dans le tableau, par la manière dont il combine cela, est un des sommets incontestables de toute sa filmo.
Par contre, dans les interactions entre les personnages, qu'est-ce que cela sonne faux. Et ce type de séquences est très présent ici. Il y a même un gros enlisement à ce niveau-là dans le tiers central (j'ai lu que c'était une volonté du monsieur, il aurait mieux fait de s'abstenir ; oui, j'ai vu la version longue d'un peu plus de deux heures !). Et quand il s'essaye à la comédie (la voiture pourrave de la journaliste, la conversation téléphonique dans le café !), coupant en plus inutilement toute tension, ça devient pathétique. Et, bordel de merde, qu'est-ce que fout la police ? On a l'impression que le protagoniste (pianiste, donc pas tellement habilité à mener la moindre enquête !) et la journaliste sont les seuls à mener les investigations.
Ouais, Profondo Rosso aurait largement gagné à être épuré et à se concentrer quasiment que sur la traque du serial killer (et par la même occasion, à changer la profession du personnage principal pour aller vers un truc qui justifie plus qu'il veut et peut retrouver un assassin ; d'autant plus que le fait qu'il soit musicien n'est d'aucune utilité, il aurait pu aussi bien être dresseur de mouches que cela n'aurait rien changé !). Bref, "Rosso" peut-être, "Profondo", j'en doute.