Profondo Rosso est un film de Dario Argento réalisé en 1975. Le film raconte l’histoire d’un pianiste témoin d’un meurtre. Celui-ci va s’impliquer dans l’enquête après avoir remarqué que quelque chose avait changé sur la scène du crime. Mais pourquoi Dario Argento a-t-il intitulé son film Profondo Rosso ?



Dans un premier temps, Profondo Rosso veut dire “Rouge Profond”, cela renvoie bien évidemment au sang visible durant de nombreuses scènes du film, un rouge très vif, très artificiel qu’on peut voir notamment dans la scène d’introduction sur le couteau. Ce même couteau étant l’arme de l’assassin renvoi aussi au titre, la proximité de l’assassin avec ses victimes permet de montrer des scènes où le couteau s'enfonce profondément dans le corps de la victime. Le titre pourrait donc renvoyer aux meurtres ce qui prouverait que le plus important dans un Giallo c’est le meurtre.


Dans le film, le rouge a une grande place, elle symbolise bien évidemment le sang mais surtout le mal. On le voit pour la première fois avec le sang sur le couteau dans la scène d'introduction puis par la suite dans une salle de théâtre où une voyante découvre l’esprit du mal chez l’un des spectateurs. Dans cette scène, le rouge est omniprésent.


Mais Profondo Rosso n’a pas ce titre parce qu’il y a de l’hémoglobine et un couteau, sinon tous les Giallo auraient pour nom Profondo Rosso. Profondo renvoie à quelque chose d’antérieur, quelque chose d'enfoui. C’est le cas pour deux personnages du films, dans un premier temps Marcus Daly interprété par David Hemmings, il est le témoin du meurtre de la voyante et va se rendre sur le lieu du crime. Par la suite il va comprendre que l’explication du meurtre peut se trouver au-délà de la simple envie de tuer, il y a quelque chose de plus profond dans le meurtre de la voyante et dans tous les meurtres qui vont suivre. On comprend cette obsession de trouver la vérité lors de la scène avec Daly et Carlo à côté de la fontaine quand Carlo lui dit : “Tu sais parfois ce qu’on voir vraiment et ce qu’on imagine, tout se mélange dans la mémoire, comme un cocktail et on ne peut plus distinguer un parfum d’un autre.[...] tu ne fais que raconter ta version de la vérité”

Ce discours ivre, raconte bien la situation du film et notamment celle de Daly. “Ta version de la réalité” signifie donc qu’il y a plusieurs réalité, c’est ce qu’essaie Dario Argento de nous faire croire en nous proposant plusieurs potentiels assassins. Ce discours renvoie aussi à la scène où Marcus découvre que partiellement le dessin derrière un mur du manoir, il na va pas assez loin pour découvrir toute l’enquête.


Mais le côté profond de l’histoire réside bien chez la mère de Carlo. A la fin du film on apprend qu’elle est la meurtrière et tout prend sens notamment au moment du flashback. Le meurtre de son mari était un moyen de se libérer d’une douleur profonde en elle, l’envie de faire une carrière d’actrice. C’est ce qu’elle explique à Daly (qui ne sait pas qu’elle est la la meurtrière) quand il cherche son ami Carlo. Elle dit que son mari lui a demandé de renoncer à sa carrière théâtrale et qu’elle se console en jouant du piano. Le meurtre de la scène d’introduction qui est montré plus explicitement à la fin s’explique donc par cette douleur profonde qu’a la mère de Carlo de ne pas avoir pu faire une carrière d’actrice. Tuer son mari était une sorte de libération. La résolution du meurtre se réalise donc en comprenant le passé, notamment lors de la scène où Marcus découvre le dessin dans les archives de l’école.


Ensuite, le film joue énormément sur les différentes réalités et notamment par le jeu des reflets. En effets au début du film après le meurtre de la voyante on voit l’identité de le tueuse dans le reflet d’un miroir mais la mauvaise interpretation de Marcus va l’enmener au début sur une fausse piste. Idem quand il découvre Armanda Righetti morte brûlée par l’eau chaude dans sa salle de bain. Quand Marcus arrive sur la scène du crime, Armanda pointe le mur de carrelage provoquant un effet miroir. Marcus n'interprète pas assez bien la situation et passe à côté de l’indice, il ne va pas assez loin dans les recherches. Marcus va très souvent se laisser berner par une certaine réalité qui n’est pas la vraie. Dario Argento fait peut être ici à l’allégorie de la caverne de Platon faisant référence à la réalité sensible et intelligible. Marcus étant dans la réalité sensible, il ne peut pas assimiler les informations de la réalité intelligibles. Ces recherches ne sont pas assez profondes. On peut à nouveau y faire un lien avec la scène présentée avant avec Marcus et Carlo à la fontaine.


Les autres meurtres découlent de la voyante qui ressent le mal lors d’une conférence. Pour éviter que l’on ne découvre ce qu’elle a fait, elle va se mettre à éliminer toutes personnes ayant potentiellement des indices. Le mal est aussi montré par la caméra, les caméra subjective qui montre que la mal est partout même quand la meurtrière n’est pas là. Dario Argento va donc au delà du mal, le mal n’est pas matérialisé





Pour conclure, si le film s’intitule Profondo Rosso c’est bien pour montrer que pour comprendre l’enquête, il faut aller plus loin que Marcus, il ne faut pas se laisser avoir par ce que l’on croit voir, il faut aller encore plus loin dans l’analyse et dans l’histoire car Profondo renvoi aussi à l’histoire passée de la meurtrière.










Aymeric-Boursaux
7

Créée

le 13 févr. 2024

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