On en apprend parfois bien plus sur le cinéma devant un très très mauvais film que devant un bon. Les Gaous est tellement affligeant sur tous les plans qu'il peut être pris comme l'exemple de tout ce qu'il ne faut pas faire.
D'abord le scénario qui, évidemment, tient sur une serviette en papier. Le film est terriblement mal écrit. Il n'y a qu'à compter, pour s'en convaincre, le nombre de scènes qui se déroulent devant une porte d'immeuble ou d'appartement ; comme si on avait demandé à un collégien d'imaginer l'intrigue dans le cadre d'un devoir à la maison. On remarquera aussi les quiproquos qui ne font pas avancer l'intrigue, impasses qui apparaissent comme du simple remplissage, ou les gags sur lesquels est investie un longue préparation mais auxquels aucune chute réelle n'est donnée. Les 90 minutes des Gaous n'apparaissent au final que comme un empilement de situations se voulant cocasses mais déjà vues mille fois et de personnages stéréotypés tout aussi éculés (le paysan naïf, les racailles, les hippies, la bourgeoise, l'hystérique, le fumeur de joint, le gendarme, le dealer, le connard parisien etc...)
Comme on pouvait s'y attendre, les comédiens dans leur quasi-intégralité jouent terriblement mal. Au point de faire passer Richard Bohringer pour Daniel Day Lewis. A leur décharge, ils ne sont pas vraiment servis par les dialogues (les plus drôles sont d'ailleurs ceux qui sont censés être sérieux ; le film n'étant capable de faire rire qu'à ses dépens).
Si tout cela est incroyablement mal filmé (avec un nombre absolument aberrants de gros plans sur les visages des acteurs et aucun mouvement de caméra) ce qui choque le plus dans ce marasme, c'est le montage. Je n'ai tout simplement jamais vu un film aussi mal monté. Le nombre de coupes inutiles est incalculable, dénotant d'une volonté de mettre dans les images un rythme qu'on n'a pas su mettre dans les dialogues. Il est également intéressant de noter le nombre de fois où ce montage épileptique rend quelque chose de très simple difficilement compréhensible. Et je ne parle même pas là d'une scène d'action mais d'un simple coup de téléphone. Les transitions entre certaines scènes (ou justement l'absence de transition au profit d'une simple juxtaposition) sont un modèle de ce qu'il faut à tout prix éviter de faire.
Je ne connais pas grand-chose au cinéma et l'art subtil et invisible du montage est un domaine dans lequel je suis totalement profane. Je suis reconnaissant aux Gaous de m'avoir aidé à comprendre un peu en quoi il consiste en me montrant ce qui arrive quand on décide d'en ignorer les règles les plus basiques.