C'est un peu un poncif du cinéma, maintenant, de représenter une jeunesse qui ne croit en rien et qui cherche à passer son ennui du mieux qu'il peut. Datant de 1959, scénarisé par Pasolini, avec un casting alléchant, le film de Bolognini a de quoi séduire. La scène de l'aile d'avion, notamment, ne manquera pas de provoquer une certaine sidération. La fin, reprenant l'image du générique du début, nous donne bien cette idée que ces garçons ne font que tourner en rond, mais elle est surtout superbe, donnant sa vraie place à l'argent, qui pendant tout le film semblait si important, et qui finira finalement jeté aux ordures. Avec le personnage joué par Laurent Terzieff qui semble avoir parfaitement conscience de la vacuité de son existence, elle donne au film une ampleur nouvelle.
Nous suivons deux jeunes, joué par Laurent Terzieff et Jean-Claude Brialy, qui déambulent dans la nuit romaine, acceptant les rencontres de passage, racolant les prostituées, mais qu'une scène nous montrera dans une posture presque homo érotique, avec croix en collier. Car le film véhicule déjà les obsessions de Pasolini. Les femmes y sont pensées comme objet mais se révèlent parfois plus malines que les protagonistes, et bien sûr elles sont aussi désenchantées cherchant à se "désennuyer", que les hommes.
Pur produit de son époque, Les garçons séduira toujours, pour sa mise en scène soignée, deux petits chatons et une très belle musique.