Oui, difficile de ne pas comparer Les gardiens de la galaxie à son illustre prédécesseur. Une équipe de héros doit sauver le monde (ici la galaxie) alors que tout les sépare. Si LGDLG partage avec le film de Whedon son intrigue anorexique, il est malheureusement dépassé dans les autres secteurs. Dans l'absolue, le film s'en tire bien car il reflète une certaine sincérité et surtout une grande générosité de la part de James Gunn. Mais l'abnégation ne suffit pas toujours.
Étude comparative
S'il y a bien un point sur lequel LGDLG marque le pas, c'est celui là. Alors que Avengers s'était donné le luxe de présenter individuellement chacun de ses membres dans des films dédiés, ici il faut faire avec un métrage de 2 heures. La rencontre est expéditive, scène d'action sympathique et dynamique, mais les motivations demeurent assez nébuleuses. Seul Drax viendra se greffer par la suite au quatuor accordé.
Impossible de ne pas faire le parallèle entre Starlord et Tony Stark, leaders grande gueule à la répartie sautillante. Mais là aussi, le travail sur les répliques et plus généralement les dialogues laisse LGDLG loin derrière son grand frère. L'humour est omniprésent, constant, parasitant même les scènes à haute teneur dramatique. Le problème est simple : l'humour ne change jamais de registre, l'aiguille reste bloquée tout le long. Le parfait exemple est personnifié par Groot qui utilisera et usera de sa phrase fétiche jusqu'à la nausée. Amusant les 3 premières fois, le comique de répétition se désagrège de lui-même. Il n'y a pas de répliques qui claquent car le flot est ininterrompu, on est submergé sous le flot de paroles de ces pipelettes. Là où Whedon avait varié les facettes, jouant sur l'ironie, le potache, le burlesque, le contre pied, l'anticipation etc, LGDLG se contente de cet humour frontal et bavard, marque de fabrique des comédies us. Cette redondance assumée étouffe le film qui peine à faire jaillir des répliques coup de poing. Après le film, aucune ne me reste en mémoire. Pour Avengers, chaque personnage en balançait au moins une et elle restait profondément tatouée après la projection. Là ou les Vengeurs distillaient leurs interventions, les gardiens ruent dans les brancards.
Ce manque d'inspiration se retrouve également dans le background des personnages et dans leurs motivations. Un blockbuster ne s'encombre généralement pas de ce genre de fioriture et LGDLG fait comme les copains. Groot Hulk excelle dans son rôle de plante (en pot à la fin seulement), Drax Thor s'enferme dans sa vengeance, son pragmatisme et son manque de fantaisie, Rocket Hawkeye le cynique poseur roi du gadget, Gamora Blackwidow la kung fu girl au passé sombre et Starlord Stark le leader belle gueule stylé. James Gunn est un petit malin qui a sorti son papier calque mais sa mine de crayon était trop grosse. On notera, comme dans Avengers, la totale transparence et inutilité du méchant ainsi que des seconds rôles qui peinent à exister. Comme ce walkam, témoin d'un passé oublié par certains et refusé par d'autres, le film fait l'impasse sur ce passé. Les origines de nos gardiens sont à peine esquissées, leurs caractères limités à un aspect monobloc, leurs motivations se limitant à : 1/ prendre le fric, 2/ se venger, 3/suivre bêtement. Il y avait pourtant moyen de faire cohabiter l'humour constant avec une vraie création de personnages. Cette recherche constante de faire rire désamorce à peu près tout le reste. Jusque dans cette scène finale, qui résume à elle seule l'esprit du film.
Sur la partie technique et artistique, le film s'en sort bien grâce à une belle lisibilité des scènes d'action (même en 3d), un montage soigné et un univers très coloré qui ne bave pas comme trop souvent dans les productions récentes. Certains plans sont magnifiques (l’astéroïde Knowhere, l’enlèvement du jeune Starlord, Gamora congelé dans l'espace etc...) et il se dégage une forte identité visuelle qui démarque ce monde des Star Wars et autres Star Trek. L'action est efficace mais trop classique. Pas vraiment de grosse scène d'anthologie, l'humour à tout prix montre une fois de plus ces limites.
Les acteurs s'en sortent bien, enfin les 3 « humains » de la bande. A part Chris Pratt qui sort du lot, les autres n'ont pas un rôle assez développé pour pouvoir réellement s’exprimer. Groot et Rocket assure le minimum syndicale pour un film à bestiole numérique. On est loin du casting gros budget de Avengers, mais c'est logique au regard d'une nouvelle franchise.
Une fois de plus, on se retrouve devant un spectacle calibré. Humour total avec une pointe de nostalgie, comme pour avouer, par le biais de cette cassette audio, que « c'était mieux avant ». Comme le souligne Starlord : Xandar ne sert à rien. Et il a bien raison. Malheureusement, ce n'est pas le seul aspect du film dans ce cas. Au final, il ressort après deux heures de projection un sentiment d'inachevé. Le film est un immense emmental, plein de trous, que James Gunn à décidé de remplir à grande louche d'humour bavard. C'est facile, un peu vain et on se rend bien compte que l'on consomme un peu du vide. La prochaine fois, je prendrai du Beaufort !