Ah, que ça fait du bien de retrouver un bon esprit dans un space opéra techniquement aussi abouti ! Moi qui trouvais l’humour des derniers marvels relou et ses scénarios complètement débiles, on me sert… un scénario bourré de clichés et des personnages improbables, alors forcément, j’adore ! Car tout est question de dosage, et sur Les gardiens de la Galaxie, James Gunn a réussit l’exploit de parvenir magistralement à doser parfaitement ses ingrédients. Ainsi, la direction artistique foisonnante vient tutoyer les univers colorés de Guillermo del Toro (l’astéroïde Knowhere, visiblement inspiré du marché des trolls d’Hellboy II), soignant sans arrêt ses décors et ses détails (le magnifique vaisseau des Krees, la planète explorée pendant le générique de début…), et permettant au spectateur de voyager même si il n’adhère pas à la lourdeur (parfois violente) de son humour. Car c’est là la seconde astuce (malicieuse) de James Gunn. Il a saisi que ce sont les multiples clichés (ultra récurrents dans chacun de leurs films) qui plombent les scénarios et annihilent les surprises. Alors, lors de chaque séquence clichées (roucoulades amoureuses, actions héroïques, pauses icôniques…), il s’arrange pour faire intervenir un gag authentiquement nanar. Mais parfois à un niveau incroyable, comme en témoigne le combat final dont deux minutes se révèlent tout simplement à mourir de rire. On ne peut pas renouveler ce genre de cliché, alors autant s’en moquer avec une insolence tout à fait dans l’esprit du réal de Super, qui se moque de ses personnages avec un aplomb qui lui, surprend. Alors à défaut d’être immergé, on en rit sans retenue. Mais, cohabitant avec cet humour, plusieurs séquences capitales (elles aussi un peu clichées) sont dirigées avec sérieux, permettant dès lors de façonner des portraits de personnages et de nous attacher à eux. C’est en cela que l’art du dosage, subtil, est passé avec succès par le film. Il parvient à casser plusieurs clichés, sans rendre pour autant totalement ridicules ses protagonistes, et parvenant avec une aisance assez déconcertante à les rendre sympathiques. Parce que leur dynamique de groupe (chaotique) fonctionne particulièrement bien, parce que le tempérament de chacun est exploité et que cette équipe, aussi régressive soit-elle, n’est pas démunie. Elle fait même preuve d’une chaleur humaine et d’un esprit d’équipe qui redonne du peps (là où les blagounettes de spidey étaient sensées jouer ce rôle), notamment lors de sa conclusion, tout à fait réussie dans son esprit de famille. Assumant parfaitement ses gags et soignant à fond son univers (le méchant, bien que cliché, est particulièrement imposant), Les gardiens de la galaxie est une excellente surprise, qui certes ne fera rien de plus que divertir, mais y parvient avec un brio recommandable. Et quand Llyd Kaufman passe faire un caméo, même de seulement 2 secondes, le cinéphile sourit…