Pour poser des bases simples et précises, sachez qu’on est prêt à pardonner presque tous les faux pas de ces Gardiens de la Galaxie pour une chose incontestable : sa franche bonne humeur. Le film est clairement balisé pour les enfants, il est peut-être même le film de Marvel le plus enfantin de tous, et malgré ça, nous adultes, on s’éclate sans retenu : un raton-laveur râleur (Bradley Cooper), un arbre puissant et bébête qui sait dire qu’une phrase (Vin Diesel), un monde coloré à foison rempli d’assassins et voleurs au grand cœur, tout ça fonctionne avec une facilité déconcertante.
L’humour est détonnant, l’ambiance fun, et c’est en partie grâce à une bande-son disco/pop des plus groovy. Rien que pour la séquence générique du début, on est conquis : Star-Lord, le héros, campé parfaitement par Chris Pratt, explore une zone en ruines totalement abandonnée depuis, semble-t-il, des lustres, en écoutant Come and get your love de Redbone. Sans conteste, on est dans une cool-attitude maîtrisée à la perfection.
D’ailleurs, James Gunn (Super) s’en amuse beaucoup, et arrive à désamorcer des situations qui pourraient être beaucoup trop cliché, en scènes franchement drôles (Star-Lord qui sauve Gamora dans l’espace, par exemple). Même en ce qui concerne les enjeux pitoyables du film (empêcher des méchants d’être en possession d’une orbe surpuissante), le réalisateur s’en moque éperdument. Son but est ailleurs : placer des vannes à tout va – elle ne fonctionnent pas toutes, certes -, montrer que ses héros n’en sont pas forcément, ou encore démasquer la débilité de ses personnages, tout en ajustant le degré d’émotion qu’il faut.
Drax le Destructeur (la surprise Dave Bautista, vu dans Riddick) est d’ailleurs le personnage le plus abouti de tous. Si son but ultime est clairement défini (venger sa famille, graou graou !), il arrive à nous faire rire par sa simplicité effarante, mais aussi capable de nous attendrir par moments.
Mais là où Les Gardiens de la Galaxie nous impressionne, c’est par son gigantisme démesuré. Ces décors majestueux, ces vaisseaux imposants, cet espace infini, tout est d’une merveille hallucinante. A certains moments, on se croirait carrément dans Mass Effect, une trilogie de space-opéra exceptionnelle sortie sur PS3 et X-Box. Grâce à ça, le film nous happe, dès les premières images, et on pénètre dans un univers inconnu sans aucune difficulté. L’immersion est une réussite totale.
Bon, bien sûr, Les Gardiens de la Galaxie possède aussi de gros points noirs, dont un totalement rédhibitoire pour nous. Quand un méchant surpuissant comme Ronan (Lee Peace, Le Hobbit : La désolation de Smaug) doit affronter une bande de gugusses en plein cas de conscience, on est en droit d’espérer un combat final dantesque, une punition en règle. N’espérez pas inutilement : de combat, il n’y en a tout simplement pas. Une grosse séquence aérienne avec des vaisseaux spatiaux, oui, mais une bonne déculottée physique qui craque ton slip, que dalle. A quoi ça sert d’avoir un méchant aussi stylé et puissant qu’on ne voit qu’une seule fois en action dans le film, pour une scène qui, en plus, est loin d’être extraordinaire. Non, grosse déception.
Le film ne manque pas trop d’action (encore que), mais il se trouve qu’en terme de moments de bravoure prenants, Captain America : Le Soldat de l’Hiver le détrône haut la main. Et même si certains passages nous plaisent grandement, comme cette scène où Yondu (l’excellent Michael Rooker, le Merle Dixon de The Walking Dead) utilise sa flèche en sifflant contre une horde d’ennemis, ou bien celle de la prison, on est loin de la claque qu’on s’était pris pour le Captain.
Seulement, comme dit au début, on pardonne beaucoup tellement on se marre et qu’on passe un moment génial en compagnie de ces cinq loosers. Il n’y a pas un pour rattraper l’autre, chacun ayant son propre humour, et le film ne possède aucune longueur. L’alchimie entre les personnages est évidente, on sent une réelle connexion. Du coup, tous les personnages deviennent attachants. Et ça, c’était la chose à pas louper.
POUR LES FLEMMARDS : Le film est une magnifique épopée clairement humoristique et balisé pour les gosses, mais atteint avec une facilité déconcertante nos cœurs d’adultes.