Ne mâchons pas nos mots, Les Gardiens de la Galaxie était une pépite rafraîchissante, dont la composante dantesque rayonnait à l'orée d'une autodérision savante : car là où la nomenclature du Marvel Cinematic Universe laissait un arrière-goût redondant, le film référence de James Gunn tenait du régal facétieux, faisant derechef office de rebelle goguenard dans une filmographie toujours plus grande.
Affublé qui plus est d'une BO aux forts accents cosmico-seventies, et sans oublier une réalisation globalement aux petits oignons, Les Gardiens de la Galaxie s'attachait dès lors un capital sympathie des plus conséquents, une juste récompense pour une œuvre dénotant dans son registre : l'euphémisme est donc de mise si l'on qualifie sa suite promise de très attendue, la perspective de replonger dans son atmosphère délicieusement feeling good se voulant fort aguichante.
James Gunn toujours aux manettes, et l'équipage original rempilant, aucun nuage ne se profilait à l'horizon ; pourtant, si l'on quitte ce second opus avec un grand sourire aux lèvres, impossible de ne pas constater qu'en dépit de qualités indéniables, il ne fait que courir après la maladresse élégamment épique de ses bras cassés (à leurs débuts).
Un dénouement frisant la déception à nuancer, et certainement logique au regard du poids de la comparaison, mais pas que : le fait est que faire reposer l'exclusivité de l'intrigue (l'arc Rocket/Yondu tient du mirage) sur le seul personnage d'Ego, doublé d'une résolution foudroyante, limite les ambitions du présent long-métrage.
Avec du recul, une fois les douleurs abdominales oubliées (stigmates de violentes poilades), Les Gardiens de la Galaxie 2 conserve bien l'essence de ce qui fit sa réussite mais échoue à convaincre sur la longueur, comme suspendu à divers ressorts scénaristiques dont la nature téléphonée/fonctionnelle lui fait perdre en naturel : on songe notamment à la relation conflictuelle liant les "sœurs" Gamora et Nebula, au dénouement convenu, mais aussi au rang des figures secondaires avec Mantis, qui malgré un décalage de ton souvent propice ne brille finalement que de par son utilité (scénaristique) prégnante.
L'autre grosse ficelle repose entre les petites patounes d'un Rocket peu inspiré, auteur de jérémiades et autres chamailleries enfantines nivelant par le bas l'impact comique global, ce qui est fort dommageable au regard de sa brève association au mystérieux Yondu : et si ce dernier alimente avec une certaine justesse (émotionnelle) la mythologie des Gardiens, il est fort dommageable que leurs introspections respectives s'opèrent en filigrane d'un périple spatial linéaire à souhait.
Dans une autre veine plus centrale, l'approfondissement de Star-Lord au contact d'Ego convainc pour un temps, puis s'écroule à moitié à mesure que l'ambivalence du paternel parasite l'intrigue dans son entier : à partir de là, un sentiment de "tout ça pour ça" prédomine au contact d'une résolution hâtive, concluant en deux petites heures une histoire se prêtant à bien plus… mais connaissant les impératifs calendaire du MCU, cela n'est guère surprenant.
Au-delà, la bastonnade finale souffle le chaud et le froid, car tiraillée entre de beaux instants de bravoure (Yondu encore, quoique prévisible in fine) et une empreinte blockbusterienne à laquelle le film semble irrémédiablement céder : il en résulte d'ailleurs un contraste soulignant fort bien les réussites et écueils auxquels se prêtent ces Gardiens, les séquences de destructions massives lui faisant perdre en dimension intimiste (forcément, à s'éloigner de la sorte de la mêlée), alors que celle-ci se posait comme son fer de lance par excellence.
Pour le reste, un bon casting contribue à ce divertissement somme toute de bonne facture, Stallone distillant une courte mais correcte prestation, tandis que Russel déroule avec aisance tout en se voyant rattraper par l'ambiguïté curieuse de son rôle, qui corrélée aux petits errements du long-métrage amoindrit le caractère (un tant soit peu) novateur de ses aspirations (vis-à-vis des standards vilains). Le crew original délivre pour sa part de fameux numéros, nous rappelant au passage de mentionner l'humour aux commandes d'une atmosphère délectable : le générique introduisant ce comité de fous furieux annonce d'ailleurs la couleur avec grand fracas, non sans accoucher de la séquence la plus originale (mise en scène) du tout.
Bref, si Les Gardiens de la Galaxie 2 donne l'impression de tirer sur la corde, dresser de la sorte Drax en principal ressort comique fait mouche, tandis que l'inutilité savamment ridicule (mais aussi drôle) des Souverains évite de peu la mascarade, il s'avère que James Gunn et consorts seront en partie parvenus à leurs fins : c'est hilarant, parfois impressionnant (ou les deux à la fois, comme lors des trop nombreux "sauts" de Rocket et cie, malheureusement salement coupés au montage), et à de rares occasions touchant.
Une suite appréciable mais pas mémorable donc.