Kevin Smith est une personnalité remarquée pour son côté geek avant que ce ne soit chic. Il a une culture dans le domaine assez impressionnante, un humour ravageur et quelques films reconnus. Certains se retrouvent dans le View Askewniverse, des films de Kevin Smith se passant dans le même monde partagé. Il a son propre univers, si c’est pas la classe.
Certains vous diraient que Mallrats, son titre en VO, est l'un de ses meilleurs films. Je me permets d'être réservé.
Deux potes se font quitter par leurs petites amies le même jour. Chacun pour des raisons très différentes. Comme ils sont deux étudiants avec un poil plus ou moins prononcé dans la main, ils vont alors se retrouver dans un mall, un centre commercial américain, pour tromper leur ennui, et tenter de trouver une solution aux problèmes dans lesquels ils se sont fourrés.
Tout un éventail de personnages entoure le duo, incarné par différentes célébrités ou en devenir. Shannen Doherty a son charme 90's, et Ben Affleck joue admirablement le pauvre type. On y voit même Stan Lee (excelsior!), avant que ce ne soit à la mode de retrouver dans n'importe quel film Marvel. Mais Mallrats fait aussi parti du View Askewniverse et on y croise notamment Jay and Silent Bob, admirables loosers, personnages récurrents, qui une fois encore crèvent l'écran.
Dans Zombie, le mall était le lieu où les zombies continuaient à se retrouver, vivant une vie de consommateur enraciné en eux. Dans Paul Blart : super vigile, c'est une ruche de personnes, gentils consommateurs comme gentils vigiles. Mallrats, c'est tout le vide de cette société américaine qui est démontré, où on s'y rend par dépit, pour traîner, pour rencontrer des amis, papoter sur la vie ou le monde. Clerks, le premier film de Kevin Smith, s’isolait dans une épicerie, le cadre change, mais des points de discours restent.
Mallrats est une comédie. Typiquement américaine, un peu grasse, mais pas démonstrative, toujours dans la bouche de ses personnages. Tout le sel de ses premiers films est dans ses discours. On y retrouve un léger cynisme, sans accuser la charge, et une grande ironie. C'est gentillet. C'est divertissant. Mais le film s’encroûte parfois, patine sur certains sujets. J'en attendais mieux, emporté par sa réputation.