De l’oppression à la paranoïa, la théocratie torture ses propres enfants. Déflagration du foyer familial et révolte d'une génération de la liberté.
Le figuier sauvage est comme le lierre qui piège un autre arbre jusqu'à l'étouffer et se servir de sa sève pour grandir lui-même. Parabole, métaphore, étude sociale et politique, le film illustre cette gangrène qui ronge la société iranienne jusqu’au sein de la cellule familiale. Dans le confinement de l’espace familial se révèle la fureur de vivre d’une jeunesse sacrifiée par une dictature théocratique. Rasoulof montre comment le « pouvoir suprême » oppresse et soumet jusqu’au fanatisme. En resserrant son cadre à l’appartement familial, il exprime le sentiment de paranoïa qui grandit dans l’esprit d’un homme qui ne peut admettre ni la réalité des crimes commis par l’état, ni la révolte de la jeune génération que l’oppression et la torture ne peuvent faire taire. Une obédience qui va jusqu’à la déshumanisation. Le père n'est-il pas comme la la figure du minotaure dans le labyrinthe qui dévore la jeunesse de son pays? Usant de l’hors-champ et des scènes réelles diffusées par les portables, le réalisateur met en scène la nécessité pour les membres de la famille de voir et de prendre position sur la violence de l’état. Peu à peu, cette chronique familiale ( qui métaphorise le système de la société iranienne) se transforme en un thriller angoissant. « À trop vouloir nier la réalité telle qu'elle est, on se précipite vers sa propre perte» a déclaré Rasoulof dans un interview.