Un film biparti, dont l'histoire se déroule d'abord dans un huis clos urbain, qui permet d'installer une tension certaine et de bien positionner chaque membre de la famille hiérarchiquement et idéologiquement. Cette première partie, qui représente les 2 tiers du film, est la plus chaotique, s'enfermant dans des schémas répétitifs et des intégrations de vidéos réelles pas très subtiles.
C'est après le déménagement que le film s'envole véritablement, dans cette famille qui se déchire et cette tension désormais omniprésente. Les personnages changent leurs rôles: le père devient l'image de son gouvernement rétrograde et tyrannique, tandis que la mère se range par obligation du côté de ses fille, évoquant la génération plus âgée qui s'efforce de prendre le virage de la démocratie.
Ce final avec la course poursuite + la dernière scène manquent sans doute pas mal d'imagination, même si l'image est saisissante et métaphorique.
Le casting est de très bonne facture. Les 2 jeunes filles sont clairement au diapason, gardant la pointe d'ambiguïté qui maintient le suspens autour du vol. Misagh Zare est aussi très bon dans son rôle métaphorique, froid et endoctriné. Mais celle qui offre la meilleure prestation est sans aucun doute Soheila Golestani, un peu endormie en début de récit, qui se métamorphose face à la violence exacerbée du père.
Rasoulof offre ici un petite histoire qui rejoint la grande, faisant effet de loupe sur l'Iran actuel. Mais plus qu'une plongée politique, il y adjoint une dimension familiale qui humanise totalement son propos, le rendant aussi plus attachant et touchant. Dommage que cette introduction durant les 2 premiers tiers du films soit si longue, car on était pas loin du chef d'œuvre à mon avis.