Sensation du dernier Festival de Cannes, et alors que beaucoup lui promettaient la Palme d'Or, c'est finalement un Prix Spécial, hors palmarès, que le jury de Greta Gerwig a décidé de lui attribuer. Une polémique avait alors éclaté. Fallait-il dissocier l'oeuvre du contexte politique dans lequel elle avait été tournée (le réalisateur a dû faire son film clandestinement et fuir son pays pour venir le présenter à Cannes) et la juger sur le même plan que les autres films ou la traiter à part ? Quitte à le récompenser, ne fallait-il pas l'inscrire bien plus haut dans le palmarès ?
Contraint pas ces conditions de tournage, le réalisateur fait le choix très intéressant d'importer et d'illustrer les tensions liées au régime totalitaire iranien à l'échelle de la famille, en se focalisant sur toutes leurs répercussions au sein de celle-ci. Ces moments intimes sont à plusieurs reprises entrecoupés de vidéos amateurs choc, prises avec des téléphones portables et dénonçant la répression infligée à la population iranienne qui tente de se soulever. Cette façon de venir introduire du réel dans la fiction et de faire coller le récit à l'actualité rend l'ensemble encore plus impactant.
Pendant les deux premiers tiers du film, durant laquelle le film se révèle d'une très grande maîtrise formelle, l'ombre de l'oppression du régime, à travers la figure paternelle, plane sur la vie de cette famille, d'apparence plutôt unie. Puis la tension au sein de ce huit-clos monte crescendo au fil des prises de conscience politiques des deux jeunes femmes de ce foyer.
La dernière partie fera basculer le film dans un thriller haletant, un brin excessif, mais dont la virtuosité et la maîtrise de la réalisation (gardons toujours en tête qu'il a été tourné secrètement) impressionnent.
Le film est remarquablement interprété et même s'il souffre de quelques longueurs, l'élan de vie et de liberté qu'il porte à travers ces deux adolescentes insuffle un bel espoir pour l'avenir.
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