Prix spécial 2024 au Festival de Cannes, Les Graines du figuier sauvage ne vous laissera pas indifférent. Sous l'oppression du régime iranien, Najmeh et ses deux filles tentent de vivre malgré les liens étroits entre leur père Iman et le tribunal révolutionnaire de Téhéran, chargé de signer les exécutions. Ce mélange entre réalité et fiction montre très justement la difficulté des femmes à accéder à leur liberté.
Ce récit presque en huis clos nous angoisse, nous terrifie par ses mensonges et ses vérités cachées. Les liens se tissent et se défont entre les filles et leur mère. Cette dernière est un personnage complexe, particulièrement intéressant et très bien écrit. Derrière son rôle de femme modèle, prête a tout pour son mari, se cache une mère d'une sensibilité inouïe qui souhaite protéger ses filles de la domination masculine. Les personnages sont mis en valeur par le travail remarquable de la lumière, qui vient sublimer chaque plan.
Le film dure presque 3 heures et je lui reproche sa longueur. Le rythme du film parvient à s'accélérer qu'au 2/3 du film, ce qui fait de la dernière heure une réussite considérable.
Puis, le film a créé en moi une certaine frustration. Face à un film qui se veut dénonciateur, j'ai trouvé dommage que le récit se concentre principalement sur le personnage du père. Les images des manifestations empruntées à la réalité ne suffisent pas, selon moi, à parler d'émancipation. J'ai trouvé les personnages des deux sœurs trop absents et pas assez mis en avant sur la scène de la révolte féministe.
Malgré tout, le film reste une prouesse esthétique qui réussit à se mêler à la réalité politique. Les Graines du figuier sauvage est la réponse à cette question : Comment la sublimité de l'image est-elle un moyen de dénoncer la triste réalité ?