Tourné en secret en 70 jours entre décembre 2023 et mars 2024 dans des conditions difficiles, en phase avec les événements que traverse son pays, le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof intègre de nombreuses images réelles souvent prises sous le manteau au smartphone. Il évoque aussi le décès de Mahsa Amini, une des porte-paroles du mouvement, en septembre 2022. Finalement condamné à huit ans de prison par les autorités iraniennes, Mohammad Rasoulof réussit à fuir en Allemagne et peut miraculeusement présenter son film à Cannes en mai 2024 (et obtient un prix). Un enquêteur des tribunaux révolutionnaires islamiques, tout juste promu, se rend compte que son travail ne consiste qu'à approuver des peines déjà déterminées par ses supérieurs. Dans le même temps, la révolte des femmes retirant leurs voiles gronde dans la rue et est réprimée avec violence par le pouvoir. Un jour, ses filles recueillent une amie blessée pendant une manifestation. Le film s'intéresse essentiellement à la cellule familiale : un père strict rongé par les scrupules et la paranoïa, la mère conciliatrice qui cède tout à son mari, et deux filles éprises de liberté et de justice, suivant cette révolte à travers les écrans de leurs téléphones. Un film étouffant servi par de superbes comédiens. Les scènes suffocantes, tendues, marquantes, traumatiques sont nombreuses. Un film utile, un film coup de poing.