Le risque provient de ne pas savoir ce que l’on fait. - Warren Buffett
Jean Gabin, en chef de clan de la famille Schoudler, applique parfaitement l'adage de Warren Buffett. Comme tout dirigeant d'un empire industriel, celui-ci a deux objectifs : développer ses entreprises, et conserver une base actionnariale solide (ici, le cercle familial).
Le premier objectif est atteint depuis longtemps puisque Jean Gabin a bien appris la leçon de son père "un peu avare" qui se levait à 6h tous les matins, pour vérifier l'absence de retardataires à l'ouverture de l'usine de sucre à 7h. D'ailleurs, le patriarche dépense uniquement par contrainte et n'aime pas vraiment ça. En revanche, son fils a bien plus de facilités avec le carnet de chèques.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le second objectif est plus difficile à atteindre que le premier. Il faut dire que Jean Gabin n'est pas aidé, entre son cousin aux mœurs convenant assez peu avec l'image de la famille, et son fils sans aucun respect pour son travail et souhaitant mettre du "punch" dans ses affaires.
Il reste que l'éducation bourgeoise de Jean Gabin ne lui laisse pas le choix : il doit trouver un héritier à son affaire. Cette quête de transmission va nous révéler les pires aspects de l'Homme.
On se retrouve avec un des plus beaux films sur le capitalisme, avec des dialogues de Michel Audiard en très bonne forme, à l'image de ce constat du cousin pariât Pierre Brasseur à l'attention de Jean Gabin :
Nous avons de l'argent tous les deux. Toi, tu représentes le patronat, moi le capitalisme. Nous votons à droite. Toi, c'est pour préserver la famille, moi, c'est pour écraser l'ouvrier. Dix couples chez toi, c'est une réception… Chez moi, c'est une partouze ! Et le lendemain, si nous avons des boutons, toi, c'est le homard, moi, c'est la vérole !
Un film très injustement tombé dans l'oubli et méconnu de nos contemporains, qui démontre pourtant que les films sur la bourse peuvent être autre chose que des illustrations blingbling du capitalisme, si on prend la peine d'étudier sérieusement le sujet.