Le risque provient de ne pas savoir ce que l’on fait. - Warren Buffett



Jean Gabin, en chef de clan de la famille Schoudler, applique parfaitement l'adage de Warren Buffett. Comme tout dirigeant d'un empire industriel, celui-ci a deux objectifs : développer ses entreprises, et conserver une base actionnariale solide (ici, le cercle familial).


Le premier objectif est atteint depuis longtemps puisque Jean Gabin a bien appris la leçon de son père "un peu avare" qui se levait à 6h tous les matins, pour vérifier l'absence de retardataires à l'ouverture de l'usine de sucre à 7h. D'ailleurs, le patriarche dépense uniquement par contrainte et n'aime pas vraiment ça. En revanche, son fils a bien plus de facilités avec le carnet de chèques.


C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le second objectif est plus difficile à atteindre que le premier. Il faut dire que Jean Gabin n'est pas aidé, entre son cousin aux mœurs convenant assez peu avec l'image de la famille, et son fils sans aucun respect pour son travail et souhaitant mettre du "punch" dans ses affaires.


Il reste que l'éducation bourgeoise de Jean Gabin ne lui laisse pas le choix : il doit trouver un héritier à son affaire. Cette quête de transmission va nous révéler les pires aspects de l'Homme.


On se retrouve avec un des plus beaux films sur le capitalisme, avec des dialogues de Michel Audiard en très bonne forme, à l'image de ce constat du cousin pariât Pierre Brasseur à l'attention de Jean Gabin :



Nous avons de l'argent tous les deux. Toi, tu représentes le patronat, moi le capitalisme. Nous votons à droite. Toi, c'est pour préserver la famille, moi, c'est pour écraser l'ouvrier. Dix couples chez toi, c'est une réception… Chez moi, c'est une partouze ! Et le lendemain, si nous avons des boutons, toi, c'est le homard, moi, c'est la vérole !



Un film très injustement tombé dans l'oubli et méconnu de nos contemporains, qui démontre pourtant que les films sur la bourse peuvent être autre chose que des illustrations blingbling du capitalisme, si on prend la peine d'étudier sérieusement le sujet.

Créée

le 14 mars 2021

Critique lue 234 fois

Kevin R

Écrit par

Critique lue 234 fois

D'autres avis sur Les Grandes Familles

Les Grandes Familles
Torpenn
8

La bourse ou la vie

Je n’ai jamais lu la saga prix Goncourt de Druon qui donne au film son matériau d’origine, j’avoue, je sais juste qu’on passe ici de l’après première guerre à l’après seconde et que le résultat est...

le 9 mai 2014

31 j'aime

12

Les Grandes Familles
SanFelice
8

De la bourgeoisie comme nouvelle aristocratie

[ce texte est initialement paru sur LeMagDuCiné dans le cadre d'un cycle consacré à la bourgeoisie au cinéma] Adapté du roman de Maurice Druon, qui obtient le Prix Goncourt en 1948, Les Grandes...

le 16 mai 2021

21 j'aime

Les Grandes Familles
Ugly
8

La toute-puissance de l'argent

Le sujet et l'univers des grands chevaliers d'industrie et de la presse n'avaient rien au départ pour m'attirer, mais quand on voit ce casting prestigieux de valeurs sûres de l'écran et du théâtre,...

Par

le 30 juil. 2018

14 j'aime

8

Du même critique

Les Évadés
Kevin_R
5

Under Control

Si la réalisation de The Shawshank Redemption est marquée par un très grand classicisme, ce défaut d'originalité permet néanmoins au récit de se dérouler sans véritable accroc dans le rythme. Les...

le 8 mars 2015

21 j'aime

4

Les 8 Salopards
Kevin_R
3

Les 8 insupportables bavards

Au regard de l'accueil critique très favorable de la majorité des spectateurs, il me semble d'abord nécessaire de prouver ma bonne foi avant tout propos. J'ai découvert Quentin Tarantino alors que...

le 10 janv. 2016

20 j'aime

3

Les Sept Samouraïs
Kevin_R
9

You'll never walk alone

Œuvre quelle que peu à part au sein de la filmographie de Kurosawa, Les Sept Samouraïs constitue pourtant l'un des ses plus grands films. Le long-métrage interpelle d'abord par son apparente...

le 28 févr. 2015

11 j'aime

6