Avec une direction d’acteurs pitoyable malgré les grands noms figurant à l’affiche, une écriture cherchant tant bien que mal à imiter les grands noms de la littérature (Balzac, Zola), un ton jamais trouvé, Les grandes familles est incontestablement un film mineur, descendu avec mérite, disons-le, par les Jeunes Turcs des Cahiers.
Pourtant l’idée très balzacienne de roman total, montrant les liens indéfectibles entre la grande bourgeoisie issue du monde industriel, les hautes sphères dirigeantes du gouvernement et le quatrième pouvoir, a de quoi séduire sur le papier. Or si le prologue annonçant brillamment ces hommes aux interminables décorations attire d’emblée l’attention, en grande partie d’ailleurs grâce aux dialogues de Michel Audiard (contribution sans aucun doute la plus appréciable du film), l’intérêt s’évanouit progressivement face à ces conflits générationnels et moraux ultra stéréotypés, très vieille France, trop moralisateurs, opposant le personnage assez mal délimité du patriarche et son fils ou son cousin Montblanc (le plus truculent des personnages, le meilleur acteur du film et celui qui bénéficie le plus des dialogues d’Audiard et de sa répartie inégalable).
Gabin fait des pieds et des mains pour jouer tous les rôles que lui astreignent ces différentes casquettes (père, mari, cousin, patron, homme d’influence, etc), sans toujours être juste. Les scènes sont parfois d’une théâtralité réductrice, d’une candeur abrutissante, surtout celles avec le fils, trop niais pour être vrai, véritable tête à claques. Enfin, l’étude sociale demeure au fond assez superficielle, tandis que l’académisme de la mise en scène frise la parodie.
Guère instructif ni délectable.